Avec Il faut flinguer Ramirez, thriller parodique et survitaminé déjà décliné en deux tomes, Nicolas Petrimaux rend hommage au cinéma d’action des années 80-90. Sortez les pop-corns et attachez vos ceintures !
Plus d’un mois après sa sortie, il est toujours aussi difficile de passer à côté du deuxième tome des aventures de Ramirez : en librairies, ses couleurs explosives attirent automatiquement le regard, et le dessin, très «catchy», finit par convaincre les plus sceptiques, plutôt rares d’ailleurs : imaginez, en 2018, le premier opus s’est écoulé à plus de 100 000 exemplaires !
Une série «évènement» donc, qui confirme au moins deux choses : d’abord que Glénat sait y faire quand il s’agit de défendre ses penchants pour le comics américain, lui qui, depuis longtemps, s’évertue à ériger une passerelle artistique entre le marché européen et celui outre-Atlantique. Ensuite que l’auteur aime s’affranchir des cases, offrant là une œuvre globale qui trouve écho dans toutes les facettes de la «pop culture».
Ainsi, il n’est pas étonnant d’apprendre que Nicolas Petrimaux s’est fait les dents au cœur des studios d’animation et dans le développement de jeux vidéo, travaillant à l’écriture, au design et aux effets spéciaux, n’hésitant pas, en outre, sur son temps libre, à prendre la caméra pour s’amuser à inventer ses propres récits loufoques (le court métrage Allo Zombie en 2007).
On retrouve l’esprit de Tarantino, période Kill Bill et Boulevard de la mort, aux savoureuses «punchlines» et aux protagonistes à côté de la plaque
Pour sa première BD en son nom et en solo, il était difficile pour lui de se restreindre. Il faut flinguer Ramirez s’accompagne donc de réjouissants artifices : un beau site entièrement dédié à l’histoire, de la musique pour mieux s’imprégner de l’atmosphère (dont une chanson spécialement composée pour l’occasion), des bandes annonces et mieux, pour ceux qui ont séché le premier tome, un résumé en vidéo, accessible grâce à un QR code…
Des dérivés qui s’accommodent bien à l’ambiance et à l’état d’esprit, car ici, on plonge, tête la première et pop-corn en main, dans les films d’action et son lot de personnages stéréotypés : des braqueuses de caractère à la Thelma et Louise, la mafia mexicaine, un tueur professionnel et, au milieu des courses poursuites et des règlements de compte, un employé modèle (et muet) d’une entreprise d’électroménager, spécialisée dans l’aspirateur…
Oui, Hollywood ne brille pas toujours par sa finesse, surtout dans les années 80-90, durant lesquelles les films potaches, pleins de testostérone ravissaient les familles et les vidéothèques. Dans ce sens, Il faut flinguer Ramirez se rapproche des réalisations musclées de Richard Donner (la trilogie L’Arme fatale), de John McTiernan (Piège de cristal, Last Action Hero, Predator) et de Tony Scott (Le Dernier Samaritain, True Romance), n’oubliant pas, dans le lot, des clins d’œil à Miami Vice et à la série Magnum – dans laquelle la moustache généreuse est aussi à l’honneur !
Mais si les terres poussiéreuses d’Arizona prend ici les allures d’un Grand Theft Auto où l’hémoglobine coule à flots, le ton choisi par Nicolas Petrimaux allège le poids des références, et mise sur la parodie : il y a bien sûr ce personnage principal, chahuté dans ce monde de brutes, mais surtout des dialogues ciselés, dopés aux jeux de mots et au second degré. On retrouve alors l’esprit de Quentin Tarantino, période Kill Bill et Boulevard de la mort, aux savoureuses «punchlines» et aux protagonistes à côté de la plaque.
Pour emballer le tout, l’auteur ne s’interdit rien, et à ce récit ultra rythmé qui file comme une rafale de mitraillette, il offre un découpage au cordeau et des doubles pages saisissantes. Pour faire souffler son lecteur, il ajoute ici et là des pages de journaux, des affiches de films et de fausses publicités un peu ringardes, rappelant qu’il est passé par Ankama et son label 619, adepte de l’exercice (Nicolas Petrimaux a signé une histoire de la série d’horreur DoggyBags). Reste une dernière question : à quand le film sur grand écran ? Sûr que l’auteur y a déjà pensé… Mais pas avant le troisième et dernier tome, prévu pour 2022.
Grégory Cimatti
L’histoire
Ramirez… derrière ce nom se cache le pire assassin que le Mexique ait connu. Impitoyable, il travaille pour un cartel de Paso del Rio. Grâce à lui, Hector Rodriguez et son organisation prospèrent. Mais Ramirez les a trahis. Le cartel aimerait bien se venger, mais personne ne sait à quoi il ressemble. Le seul indice qui leur permettrait de le retrouver, c’est une tache de naissance qu’il aurait au beau milieu du visage… Falcon City, en Arizona. Jacques Ramirez travaille à la Robotop, entreprise d’électroménager et l’un des fleurons industriels du coin. Employé modèle, il bosse vite, bien, et sait surtout se faire discret. Pour cause : il est muet. Sa vie bascule le jour où le cartel pense reconnaître en lui l’homme qu’ils cherchent depuis des mois…