Muni d’une petite pelle, le bras articulé du robot martien tente de prélever avec précision un échantillon de terre rouge. La tâche, une des épreuves du concours européen des robots explorateurs à Checiny, en Pologne, n’est pas facile: le sol est humide et serré.
La mission est d’autant moins aisée que la pelle est découpée dans une boite de conserves et accrochée au bras avec du ruban adhésif argenté.
«Nous avons fait cette pelle la nuit dernière parce que celle que l’on avait préparée ne fonctionnait pas», explique Kim Da-Eun. Agée d’une vingtaine d’années, elle fait partie de l’équipe de l’Université McGill de Montréal venue spécialement pour ce concours qui a lieu pendant le week-end.
«Il faut improviser, il faut toujours essayer», ajoute-t-elle souriante, contente de croiser des équipes du monde entier venues en Pologne.
Au total, 27 équipes universitaires de douze pays, dont les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, les Pays-bas, l’Inde et la Colombie participent à ce concours organisé par la Mars Society Polska, branche locale d’une association internationale préparant la conquête de la planète. La première édition de cette compétition a été lancée en 2007.
La Pologne tient le haut du pavé
La Pologne, qui depuis des années tient le haut du pavé dans ce genre de concours dans le monde, est représentée cette année par douze équipes.
Les robots, commandés à distance par des opérateurs qui ne voient le terrain que sur l’écran de leurs ordinateurs, doivent affronter quatre épreuves sur ce terrain vague transformé en planète Mars à l’aide de quelque 750 tonnes de terre rouge extraites d’une mine voisine.
Modulables, sur quatre, six ou huit roues, pesant jusqu’à 50 kilogrammes, les robots doivent aider les astronautes et servir de base pour différents modules d’exploration scientifique.
«Outre le prélèvement d’échantillons du sol, ils doivent savoir manipuler les interrupteurs d’un réacteur et y mesurer la tension, transporter des outils. Ils ont également appris à effectuer un parcours spécial uniquement à l’aide des coordonnées GPS», explique Arkadiusz Klos, un membre de jury observant le robot polonais Orion, construit par les étudiants de l’Université technologique de Lublin. «Attention ça fume», lance-t-il soudainement.
Effectivement, de la fumée, puis une petite flamme jaillissent du moteur alimentant une des roues du robot.
«C’est peut-être l’un des transistors», dit Marcin Mierzejewski, 31 ans, doctorant au département mécanique de Lublin, se penchant sur les entrailles de la machine immobilisée.
Une fois remonté, le robot, peint en rouge et en noir, repart, mais la fumée rejaillit. Les réparations prendront plus de temps que prévu.
3 000 heures pour construire un robot
«On a passé quelque 3 000 heures pour construire ce robot. Il ne partira pas sur Mars, mais l’expérience que l’on a gagnée en le construisant est inestimable, aussi bien sur le plan technique, professionnel qu’humain», explique Marcin Mierzejewski. «On a appris à mener en équipe un projet du début à la fin en respectant un budget, à travailler avec les entreprises, les sponsors. Tout cela nous servira plus tard dans la vie. Et puis, on s’amuse bien en faisant cela».
Orion n’est pas le seul à avoir des problèmes. Un robot venu d’Australie s’est renversé après avoir parcouru à peine une dizaine de mètres, une des machines polonaises est sortie du terrain et a percuté une voiture. D’autres engins s’immobilisent après avoir cessé toute communication radio avec leurs opérateurs.
Les meilleurs réussissent à faire toutes les épreuves et, qui sait, serviront peut être un jour de base à un véritable robot d’exploration spatiale.
Si on devait relancer les missions sur la Lune, «les robots seraient très utiles pour explorer le terrain avant que les astronautes n’y aillent», confirme Harrison Schmitt, le dernier homme à avoir posé son pied sur le satellite de la Terre lors du programme Apollo 17 et venu spécialement en Pologne pour ce concours.
«Mais ils ne remplaceront jamais dans un avenir proche l’entraînement et l’expérience qui peuvent être assimilés par le cerveau humain», ajoute-t-il en souriant.
AFP/M.R.