Simon Boileau et Florent Pierre racontent leur escapade à vélo entre Paris et la Bourgogne. Une virée de 500 kilomètres en guise de bon bol d’air et de retour à une vie moins stressante.
Dans l’agitation et la pollution parisiennes, Simon, livreur à vélo, a déjà suffisamment arpenté la capitale de long en large pour arriver… à Katmandou! Mais entre les chauffeurs stressés, l’avis des clients jamais contents et un GPS abrutissant pour seul guide, il n’en peut plus. Son vieux pote, Florent, pense quant à lui avoir trouvé le «job de rêve». Mais à peine arrivé au cœur de l’open space moderne où l’on ne parle qu’en franglais, il déchante face à cette perspective du train-train quotidien. C’est sûr, lui aussi a besoin d’air. Vite.
On croit qu’on va faire un voyage, mais c’est le voyage qui vous fait ou vous défait
L’histoire
Ni une ni deux, ils décident alors d’aller voir du pays et de prendre l’air. Et, selon une maxime qui dit que «quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens!», ils choisissent comme destination la Bourgogne, précisément le village de Saint-Gengoux-le-National, terre d’origine de Florent. Soit un parcours de quelque 500 kilomètres depuis la grisaille du périphérique de la capitale jusqu’aux vignes gorgées de soleil. Et pas n’importe comment : à vélo. Car le plus important dans le voyage, ce n’est pas l’arrivée mais bien la route.
Motivé à rompre avec la routine, plus «mortelle et dangereuse que l’aventure», disait avec justesse l’écrivain Paulo Coelho, le tandem se prépare pour cinq jours durant lesquels il sait qu’il va souffrir (notamment dans les cols du Morvan), mais c’est pour mieux apprécier, les mains sur le guidon et la tête dans les nuages, les joies de la fuite en douceur. Surtout que pour Simon, le mec le plus «à l’arrache» du duo, la bicyclette reste «le moyen de transport le plus rapide du monde» : car oui, à peine posé dessus qu’on est déjà ailleurs!
Malgré tout, un périple, ça se mérite! Comprendre que l’on doit composer, «sans tricher», avec les bons moments comme avec les incidents. Leur chemin en regorge : il y a la pluie qui sape le moral, les coups de fringale et les coups de gueule, les galères mécaniques… Mais il faut continuer à pédaler, «envers et contre tout», malgré les battues des chasseurs qui tirent à tout-va ou la confrontation avec des cyclistes en lycra qui se croient professionnels, chaleureux comme des robots.
Sans oublier ces traversées sans saveur de lotissements où tout se ressemble, de villes périurbaines bétonnées ou encore de «terres désolées» et désertées, perdues dans les campagnes françaises. Heureusement, comme les «pires galères deviennent les meilleurs souvenirs», il y a également de belles rencontres, souvent fortuites, l’amitié des copains que l’on retrouve sur la route, les éclats de rire, les paysages à couper le souffle et l’enchantement retrouvé pour les choses simples, comme apprécier une bière bien méritée ou un bon repas après l’effort.
Un autre écrivain, Nicolas Bouvier, rappelait : «On croit qu’on va faire un voyage, mais c’est le voyage qui vous fait ou vous défait». La Ride (à prononcer «raïde») va dans ce sens, invitation à tailler la route et à faire un pas de côté pour réfléchir aux limites de notre vie de tous les jours et à sa vacuité. Une expérience vécue pour de vrai par les deux auteurs, qui ont d’abord mis en images leur périple sur Instagram avec, au bout, le prix de la BD numérique au festival d’Angoulême de 2020.
Cette belle histoire se matérialise aujourd’hui sur album, dans un grand format idéal pour apprécier leurs talents respectifs. D’un côté, Simon Boileau, avec humour et (un peu de) philosophie, offre une narration aussi légère qu’une descente en roue libre avec le vent dans le dos. De l’autre, Florent Pierre, d’un dessin aux couleurs chaudes et dans une esthétique proche des studios d’animation, donne envie de prendre des chemins de traverse. Et surtout, de se promettre qu’il y aura d’autres aventures de la sorte, plus tard, sur d’autres routes. «Pas de grands soirs, mais la promesse d’autres petits matins», comme ils disent. Bref, à la vie, à la ride!
La Ride, de Simon Boileau & Florent Pierre.
Dargaud.
Une «ride», c’est une balade à vélo. Simon et Florent racontent la leur. Un voyage façon «buddy movie» et pieds nickelés, de Paris à la Bourgogne, le tout en cinq petits jours. Une manière, aussi, d’aborder le territoire différemment et de se retrouver un peu au bout du chemin!