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[Bande dessinée] Au plus près du réel


Le Paradoxe de l'abondance esr présenté comme «une enquête sur les ravages silencieux de l’agro-industrie». (Image Dargaud)

Industrie agricole, écologie, conflits, histoire… De nombreux auteurs s’emparent de sujets d’actualité pour éclairer d’une manière différente et plus accessible la réalité. Un genre en pleine ébullition, qui plaît aux éditeurs comme au public. Analyse.

De la crise agricole au conflit israélo-palestinien en passant par les drogues ou la Russie, nul sujet d’actualité n’échappe à la BD documentaire, un genre qui attire de nouveaux auteurs, comme Hugo Clément, cherchant à concilier pédagogie et détente. De nombreux albums sortent cet automne, à temps pour être déposés au pied du sapin de Noël dans un peu plus d’un mois. Parmi ces nouveautés figure celle du journaliste Hugo Clément, Le Paradoxe de l’abondance (Dargaud), présentée comme «une enquête sur les ravages silencieux de l’agro-industrie», coécrite avec Vincent Ravalec et dessinée par Dominique Mermoux.

«J’adore le format BD parce que, comme beaucoup de gens, je retiens mieux les informations sous forme visuelle», explique Hugo Clément, qui avait déjà sorti un roman graphique en 2023 (Le Théorème de Vaquita). La BD lui permet aussi, comme il dit, d’être «multicanaux» : «Comme je suis très présent sur les réseaux sociaux et la télévision traditionnelle, je peux toucher potentiellement 100 % de la population en ajoutant l’édition». Comme Hugo Clément, une autre star des réseaux, Hugo Travers, se lance aussi dans les récits BD avec HugoDécrypte en Russie, un album réalisé avec le scénariste Kris et l’illustrateur Kokopello.

«Le livre, c’est un bel objet, qui reste»

L’album met en scène le Youtubeur allant à la rencontre, avec une journaliste, des grandes personnalités de l’histoire russe afin que «le passé éclaire le présent» dans le contexte de la guerre en Ukraine. «La BD permet de traiter les sujets dans la longueur, sous une forme accessible à tous et avec une souplesse que l’on a moins en vidéo. De plus, le livre, c’est un bel objet, qui reste», explique son éditeur, Allary. «J’aime beaucoup laisser traîner une BD sur une table, la partager», témoigne aussi Hugo Clément.

Les auteurs espèrent rééditer le succès phénoménal rencontré par deux documentaires graphiques ces dernières années. Le premier, Le Monde sans fin (Dargaud), sur le changement climatique, de Christophe Blain (dessin) et Jean-Marc Jancovici (texte), a atteint le million d’albums vendus depuis 2021, selon l’éditeur. Le second est Jérusalem, un épais livre de 250 pages sur l’histoire de la ville sainte, avec l’historien Vincent Lemire au texte et Christophe Gaultier au dessin, qui s’est vendu à plus de 350 000 exemplaires.

Comme beaucoup de gens, je retiens mieux les informations sous forme visuelle

«Il y a vraiment une grosse appétence de la part d’un public qui a peu le temps de lire et pour lequel la BD fait moins peur qu’un essai», avance Laurent Muller, le directeur éditorial des Arènes BD. L’intérêt est démultiplié quand l’actualité s’en mêle. Sorti à l’automne 2022, Jérusalem a ainsi vu ses ventes bondir après les attaques du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza, qui ont remis le conflit israélo-palestinien au centre des préoccupations.

«Le sujet de l’album est important, mais une bonne BD, c’est avant tout un bon scénariste et un bon dessinateur», rappelle Laurent Muller, qui indique avoir mis deux ans à dénicher les auteurs capables de mettre en BD le best-seller La Vie secrète des arbres. Le succès est parfois inattendu, comme celui de l’album Les Algues vertes, l’histoire interdite (La Revue dessinée/Delcourt), qui raconte comment le littoral breton a été infesté par la pollution agro-industrielle.

Mais, dans un marché de la BD saturé, avec plus de 7 000 albums publiés par an, les déceptions sont nombreuses, d’autant que le seuil de rentabilité d’une BD documentaire est plus élevé que celui d’une BD traditionnelle. Sortis cet automne, les albums Drogue, une histoire mondiale (Delcourt), Combien coûte une abeille ? (Point Némo), Planète ciel (Dunod Graphic), Kennedy(s) (Glénat), Le Mal des montagnes (La Revue dessinée) ou le quatrième et dernier tome de Sapiens (Albin Michel) tentent ainsi de sortir du lot.

Le Paradoxe de l’abondance,  d’Hugo Clément, Vincent Ravalec  et Dominique Mermoux. Dargaud.

HugoDécrypte en Russie,  d’HugoDécrypte, Kris et Kokopello.  Allary Éditions.

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