Après l’annulation de sa 53e édition, le festival d’Angoulême panse ses plaies et mise sur le «off».
Après l’annulation de l’édition 2026 du festival international de BD d’Angoulême, la municipalité va muscler, du 29 janvier au 1er février 2026, le «off» qui se tenait chaque année en marge de l’événement. «L’annulation a été vraiment une déflagration. Face à ce grand « bang » retentissant, on a souhaité proposer à l’ensemble de la communauté bande dessinée un moment de création, de refondation, d’expression mais aussi de partage», a déclaré le maire de la ville, Xavier Bonnefont.
À ce stade de l’organisation, sans rentrer dans les détails, 113 projets ont été déposés et sont en cours d’analyse, dont 53 «portés par les collectifs d’autrices et d’auteurs», indique la mairie. Expositions, ateliers, dédicaces, ciné-concerts… : autant d’évènements organisés dans le centre-ville et dans les locaux de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, pour un budget total d’«1,25 million d’euros» pour l’ensemble des projets cumulés – avec près d’un million d’euros de financement public.
«Une grande fête à part entière»
« C’est un « off » démultiplié, une grande fête qui devient un évènement à part entière», a résumé l’autrice-illustratrice Julie Gore, membre du collectif qui organise le «off». La communauté d’agglomération du Grand Angoulême a par ailleurs validé une enveloppe de «500 000 d’euros» d’aide économique exceptionnelle pour accompagner les entreprises en difficulté en raison de l’absence du plus gros événement culturel du département qui attire environ 200 000 visiteurs chaque année. C’est la première fois depuis sa création en 1974 (hors Covid) que le Festival international de la bande dessinée (FIBD) ne se tiendra pas.
La 53e édition a été annulée en raison de la fronde d’une grande partie du secteur de la BD contre la société 9e Art+ qui organise l’événement depuis 2007 et rejette pour sa part la responsabilité sur les financeurs publics. De nombreux auteurs et autrices, dont la lauréate du Grand Prix 2025 Anouk Ricard, avaient annoncé boycotter l’édition 2026, critiquant l’opacité et la dérive commerciale du festival. Ils reprochent aussi à 9e Art+ d’avoir licencié une salariée qui venait de porter plainte en 2024 pour un viol survenu en marge du festival. Son ex-employeur dénonce «un amalgame (…) entre deux procédures distinctes», et invoque des «manquements graves» pour justifier son licenciement.