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Bana, 7 ans, tweete quotidiennement l’enfer d’Alep


Bana rêve encore, malgré tout. Elle voudrait devenir enseignante. (photo Twitter @AlabedBana)

Tous les jours sur Twitter, une Syrienne âgée de 7 ans raconte sa survie sous les bombes larguées dans les quartiers rebelles d’Alep. La fillette décrit le chaos et la terreur qui règnent dans ce fracas incessant.

Cet « enfer sur terre qu’aucun humain ne devrait avoir à suppor­ter » est le quotidien de quelque 275 000 personnes qui tentent de survivre dans la partie assiégée d’Alep, à l’est. Un sort terrible qui n’émeut pourtant pas grand monde. La moitié de la deuxième ville de Syrie est sur le point d’être rayée de la carte, a averti l’ONU pas plus tard que jeudi après-midi.

Parmi ces habitants condamnés à périr sous le feu du régime de Bachar al-Assad soutenu par la Russie, il y a Bana Alabed, 7 ans. Son regard noir est creusé par la fatigue, à force de longues nuits passées à veiller dans la crainte de ne pas rouvrir les yeux le lendemain. De ne plus jamais revoir le visage de ses proches, de ses petits camarades… « J’ai vrai­ment peur de mourir ce soir. Ces bombes vont me tuer main­te­nant », écrit-elle sur Twitter, où on la voit en train de se boucher les oreilles.

Bana rêve encore, malgré tout. Elle voudrait devenir enseignante. « S’il vous plaît, arrê­tez de nous tuer. Nous avons besoin de paix. J’ai besoin de paix pour deve­nir profes­seur », implore-t-elle. Étonnante de maturité, elle exprime parfois les choses avec ses mots d’enfant : « Pourquoi nous tuez-vous ? Est-ce que vous êtes fous ? »

Chaque jour, aidée par sa mère Fatemah, elle poste ses messages en anglais souvent accompagnés de vidéos sur le réseau social, où elle a lancé le hashtag #SaveAleppo. Elle supplie Assad et Poutine de mettre fin au massacre. Elle en appelle au président Obama dans l’espoir d’un cessez-le-feu.

Ses tweets sont déchirants. Elle y parle de son petit frère en pleurs dans ses bras dès que tonnent les bombardements. Elle montre une photo de la maison détruite de son amie, tuée dans un énième raid. « Elle me manque tellement », confie Bana.

Face caméra, elle dit aussi sa colère et son sentiment d’abandon. « Je déteste la guerre. Et le monde nous a oubliés, nous Alep. »

Alexandra Parachini