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Avec « L’Adieu à la nuit », Téchiné s’empare du sujet du jihad


Catherine Deneuve campe le personnage de Muriel, dont le petit-fils s'est radicalisé et veut partir en Syrie. (capture YouTube)

Avec « L’Adieu à la nuit », en salles mercredi, André Téchiné s’attaque après d’autres au sujet du jihad, avec Catherine Deneuve dans le rôle d’une grand-mère dont le petit-fils décide de partir en Syrie.

Présenté hors compétition au dernier Festival de Berlin, L’Adieu à la nuit raconte l’histoire de Muriel (Catherine Deneuve), qui tient un centre équestre. Elle y retrouve son petit-fils, Alex (Kacey Mottet Klein), venu passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada. Mais étonnée par certains comportements d’Alex, Muriel va découvrir peu à peu qu’il lui ment et se prépare en fait à partir faire le jihad en Syrie avec sa petite amie (incarnée par Oulaya Amamra, de Divines).

Décontenancée, elle va tout faire pour l’empêcher de partir. Coécrit par Léa Mysius (réalisatrice d’Ava), ce film très documenté et sobre, qui se déroule sur quelques jours, est nourri notamment par le livre Les Français jihadistes du journaliste David Thomson. « Ça m’intéressait de voir si on pouvait incarner ces paroles en mettant en scène des acteurs, si on pouvait transformer ce matériau de reportage en matière de cinéma », explique le prolifique André Téchiné, 76 ans, dont c’est le 23e long métrage de fiction.

Comme avait pu le faire notamment Marie-Castille Mention-Schaar dans Le Ciel attendra, il décrit dans son film le processus de radicalisation, la détermination et le discours d’un jeune qui a choisi de rejoindre le groupe État islamique.

Mais il le fait aussi à travers le regard d’un personnage de sa génération, incarné par Catherine Deneuve, l’une de ses actrices fétiches, avec qui il a tourné huit films. « C’est un garçon qui est très, très en colère », a expliqué l’actrice française à la Berlinale en février. « A partir du moment où je découvre qu’il est radicalisé, j’essaie de le comprendre et de ne pas le juger ».

« Ce qui m’intéressait, c’était d’avoir une espèce de champ/contre-champ entre cette parole extrêmement dangereuse et violente, et un personnage féminin très enraciné, très terrien », a indiqué de son côté André Téchiné. « J’ai voulu montrer dans le film à quel point, pour ces personnages qui sont embarqués pour se déraciner, l’apprentissage de la religion et la préparation militaire sont devenus leur raison de vivre », a-t-il ajouté le réalisateur, reconnu pour ses qualités de direction d’acteur.

Le cinéaste des Roseaux sauvages, qui aime dépeindre la jeunesse et ses tourments, dit avoir voulu aussi dans ce film se pencher sur le « thème de la sortie de l’enfance et de l’adolescence », en filmant à nouveau Kacey Mottet-Klein, son acteur de Quand on a 17 ans.

LQ/AFP