Près de dix ans après le dernier épisode de Rocky au cinéma, présenté comme un épilogue, le jeune réalisateur Ryan Coogler offre une seconde vie au célèbre boxeur avec Creed, qui sort ce mercredi aux États-Unis (le 13 janvier en Europe), une déclinaison très moderne de l’univers inventé par Sylvester Stallone.
Acteur et scénariste des six volets de la saga, réalisateur de quatre d’entre eux, Sylvester Stallone ne voulait pas d’un nouveau Rocky . Lorsqu’un jeune réalisateur de 25 ans, qui n’avait encore dirigé aucun long métrage, lui a proposé de tourner lui-même un nouvel épisode, «Sly» a refusé tout net. « Ça avait été un tel combat de faire le dernier et j’étais tellement content de Rocky Balboa (NDLR : sorti en 2006). Je me disais : l’histoire est finie », a expliqué Sylvester Stallone. Mais Ryan Coogler est « très déterminé », reconnaît-il. Et le succès de son premier long métrage, Fruitvale Station , film dramatique inspiré d’un fait divers et primé à Cannes et à Sundance, lui a ouvert des portes.
Le résultat, qui sort aujourd’hui aux États-Unis et le 13 janvier en Europe, revitalise cette fresque qui, plus d’une fois en trente ans (entre Rocky et Rocky Balboa), s’est essoufflée. L’univers reste celui de Rocky , un film de boxe s’achevant par une longue préparation et un combat, avec ses quelques excès et invraisemblances. Mais l’énergie qu’y a donnée Ryan Coogler est similaire à celle du premier Rocky , avec un sens de l’urgence qui s’était évanoui au fil des suites. Ce coup de jeune, le réalisateur californien l’a réussi sans tirer sur le spectaculaire, dans le respect de l’esprit de Rocky . Il joue avec les codes de la série, sans les transgresser, à la manière d’un couturier qui réinterprète les classiques de sa maison.
Les enfants accrochés aux basques de Rocky Balboa dans la fameuse scène du jogging dans les rues de Philadelphie sont ici remplacés par des jeunes gens en motocross qui font vrombir leur moteur. La musique mélange avec réussite les hymnes récurrents de Rocky , en premier lieu Gonna Fly Now, de Bill Conti, avec des sons très actuels, notamment du hip-hop. « Ce que ces gars arrivent à faire, je ne peux plus le faire », reconnaît Sylvester Stallone. « Ils sont dans le temps présent alors que moi, je vis dans le passé. »
Creed n’est pas Rocky . C’est un «spin-off», une dérivation. Pour la première fois, le célèbre boxeur de cinéma n’est pas le personnage central du film. Il abandonne ce rôle à Michael B. Jordan, qui joue Adonis Johnson, le fils de feu Apollo Creed, adversaire et ami de Rocky Balboa dans les quatre premiers volets. En second rôle, mais toujours en Rocky, Sylvester Stallone est dans la lignée de Rocky Balboa, personnage très humain, plein d’humour, en retenue. « C’est le début d’une nouvelle série », veut croire le sexagénaire.
Creed – L’héritage de Rocky Balboa, de Ryan Coogler (2h12), avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson. Sortie le 13 janvier 2016.