Autumn Sweater fait dans le rock intelligent et la pop mélodique, genre qu’il défend avec un EP convaincant, avant une première sous les projecteurs, lundi 1er août (20h30) aux Congés annulés (Rotondes).
Ils aiment les pulls qui tiennent chaud, les tacos et le rock «indé» des années 90 jusqu’au plus récent. Quatuor né il y a peu au Grand-Duché, Autumn Sweater s’est fait remarquer avec son First Session, mini-album qui plaît par sa fraîcheur et son honnêteté. Une bande son estivale qui pourra s’apprécier en live aux Rotondes. Philippe Demart, chanteur et porte-parole de la bande, raconte le groupe et ses envies.
Mercredi, du côté de Cologne, en Allemagne, c’était l’heure des emplettes! «Oui, j’y suis avec Yves pour acheter un ampli-basse. Pour le concert de lundi, c’est quand même mieux…» Philippe Demart souligne, avec cette remarque anodine, les qualités d’Autumn Sweater : une spontanéité et une décontraction fédératrices. Un quatuor formé il y a peu, mis en lumière par leur First Session (sorti en mai), porté par des chansons bien calibrées (Some Place Beyond, Sitting Here).
Bientôt, il sera même sous les feux de la rampe, grâce aux Rotondes et le festival Congés annulés, qui dressent le tapis rouge aux groupes luxembourgeois, même les plus novices. C’est le cas de ces amateurs de Pavement et de Parquet Courts qui, même s’ils ont déjà connus d’autres formations auparavant (comme KATE), remettent tout à plat avec ce projet. Entretien-découverte.
Le Quotidien : Comment et quand est né Autumn Sweater?
Philippe Demart : Notre premier essai ensemble remonte à l’année dernière, en octobre. Comme beaucoup de groupes, notre union s’est faite progressivement. Bon, il y a mon frère, Christophe, à la batterie, que je connais depuis toujours, par la force des choses (il rit). Pierre, le guitariste, est l’un de ses lointains amis. Et Yves (basse), je bosse avec lui et il s’est greffé au projet. On a tous, plus ou moins, joué dans différents groupes, et de tout bord, au Luxembourg.
Votre nom – et votre Facebook – laisse à supposer que vous aimez les chandails en laine…
(Il rigole) Oui, on adore la mode masculine! Et puis, ce sont des pulls de qualité : contrairement à beaucoup d’autres choses, ils tiennent des générations!
Quelles sont vos influences?
Disons que, pour faire large, ça va de l' »indé » à des choses plus nerveuses, plus punk. Des groupes comme Parquet Courts, Real Estate, Yo La Tengo, Whitney, New Order ou Pavement, ça nous parle! Voilà pour la base. Après, nous, on a tendance à partir dans tous les sens.
Comment pouvez-vous, alors, définir votre son?
(Il souffle) C’est compliqué! Surtout que les genres musicaux, ce n’est pas mon fort. Disons que notre musique est empreinte des années 90, très rock dans sa construction, et pop pour ce qui est de l’enrobage. C’est pas mal, ça, non?
Ce style n’est pas très commun au Luxembourg, avec des groupes qui privilégient surtout le metal ou l’electro, même pop. Est-ce que cela vous surprend?
Oui, un peu. C’est un constat que l’on avait déjà fait auparavant, quand on essayait de trouver des groupes un peu semblables pour jouer, se mélanger… On en a peut-être oublié en route, mais ça ne courait pas les rues! J’ai du mal à me l’expliquer, surtout que le rock ou la pop restent des styles que les gens écoutent régulièrement. Allez savoir… Autumn Sweater sera ainsi l’un de leurs rares représentants au Luxembourg!
First Session, comme son nom l’indique, est votre premier EP. À peine mis sur Bandcamp, le voilà encensé. C’est une belle aubaine!
Oui, c’était assez surprenant. Surtout qu’au départ, l’ambition était surtout d’exister en dehors de la salle de répétition. En somme, de partager avec d’autres ce que l’on fait. Il faut donc avoir de la matière à proposer, des sons à envoyer, et au bout d’un moment, l’iPhone ne suffit vraiment plus. C’est trop lo-fi (NDLR : contraction de «low-fidelity», «basse fidélité» en français).
D’où ce First Session mis sur Bandcamp. Et les retours, en effet, ont été positifs. Certains disaient même : « Super, il y a quelque chose de nouveau au Luxembourg », alors que, avouons-le, on n’est pas des précurseurs de quoi que ce soit. Nous, on s’est juste dit : « Cool, il y a des gens qui s’intéressent à nous! » Rien de plus.
Ce First Session est donc arrivé de manière spontanée et fortuite…
Tout à fait. On a fait ça dans la campagne du Mullerthal, dans la cave d’un pote, avec huit pistes. On l’a enregistré en live en une soirée. Si c’est pas spontané, ça! Et comme le résultat était sympathique, on a collé les voix un peu plus tard dessus et on a mis les morceaux en ligne, à la disposition de tout le monde. D’où le nom « session » : c’est quelque chose qui est né un peu par hasard, à travers nos élans musicaux et les expérimentations sonores.
En êtes-vous satisfait?
Ces six chansons représentent nos envies et une manière de faire communes. Quand on joue, parfois, on dérape sur du folk ou on se perd dans le psychédélique. Là, on a essayé de trouver un équilibre, un chemin médian. Trouver quelque chose qui plaît et parle à tout le groupe, c’était le plus important.
Lundi, vous jouez votre premier concert, au festival Congés annulés, qui, à travers le nouveau cycle intitulé «We Have Bands», met en lumière les acteurs les plus innovants de la scène luxembourgeoises. Que pensez-vous d’une telle initiative?
C’est super, en tout cas, on en profite pleinement. Ça tombe un peu du ciel! Ce genre d’idée est importante, ne serait-ce que pour démarrer une histoire… Sans oublier le reste de la programmation, de qualité. Bon, je serai en vacances pour Whitney, et aussi pour Kevin Morby. Ça m’énerve déjà de les louper!
Comment appréhendez-vous ce premier live?
On a tous envie de faire découvrir notre passion à d’autres personnes. De plus, ça donne un peu de piment aux répétitions. À quelques jours du concert, on connaît, en tout cas, un chouette mélange de nervosité et d’enthousiasme. Pour le reste, ça ne change pas grand-chose : rien n’est vraiment planifié, et comme on voyage léger, la logistique n’est pas un casse-tête. Que le public soit prévenu : on n’aura pas de lasers sur scène (il rit). On aborde ça comme les enregistrements : on y met tout notre cœur, et on voit ce qui se passe…
Avez-vous assez de matière pour tenir un set complet?
Sur les 40 minutes durant lesquelles on doit jouer, on va aussi proposer des nouveautés. Disons que l’on est déjà en train de préparer notre Second Session, qui devrait sortir à la fin de l’année. Il y a donc de quoi faire! Ce sera chaud et rapide…
Grégory Cimatti
Autumn Sweater + Cyclorama. Rotondes – Luxembourg. Lundi 1er août à partir de 20 h 30. DJ set by Kriss Kardiac dès 18 h. Dans le cadre des Congés annulés.