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Au Royaume-Uni, la deuxième vie de la «telephone box»


En voie de disparition depuis l’avènement des téléphones portables, les cabines téléphoniques britanniques, traditionnellement de couleur rouge, sont aujourd’hui rénovées et récupérées par des associations, des collectivités ou des commerçants.

Dans son atelier rempli de souvenirs d’époque, débordant de pompes à essence rouillées ou de plaques émaillées, Carl Burge apporte les dernières touches à une cabine téléphonique rouge emblématique du Royaume-Uni en cours de restauration.

Depuis plus de 20 ans, cet homme de 54 ans donne une seconde jeunesse à ces cabines «légendaires» mais vieillissantes, abîmées par le climat humide anglais.

Depuis leur apparition dans les années 1920, les cabines téléphoniques rouges sont devenues l’un des principaux symboles de Londres et du Royaume-Uni tout entier, mais la plupart ont disparu du paysage depuis l’apparition des téléphones portables. Il ne reste que 20 000 téléphones publics en état de marche (contre autour de 100 000 dans les années 1990) dont 3 000 cabines traditionnelles rouges, selon l’opérateur historique BT.

Quelque 7 200 autres, qui étaient hors service, ont été récupérées par des collectivités, associations ou églises. Certaines ont été récupérées par les collectivités locales et transformées en minibibliothèques, en kiosques d’information pour les touristes ou même en défibrillateurs. Certaines cabines désaffectées peuvent aussi être louées par de petites entreprises, comme la boutique de tiramisu Walkmisu dans le centre de Londres.

En bordure de Russel Square, Daniele Benedettini s’est installé à l’intérieur de deux cabines téléphoniques rouges pour vendre le célèbre dessert italien. «Je trouve que c’était vraiment cool de pouvoir mêler la tradition anglaise à la tradition italienne», explique-t-il

Ouvrir une boutique dans une ancienne cabine, louée à un propriétaire privé, lui coûte aussi moins cher qu’une boutique classique, précise le jeune homme de 29 ans, qui a commencé avec Walkmisu avant d’ouvrir un café à proximité. Ses deux cabines téléphoniques ont été rénovées et équipées d’étagères, d’un réfrigérateur et d’une machine à café, tout en gardant leur emblématique apparence extérieure.

Vous ne savez jamais ce que vous allez trouver sous la peinture. Vous pouvez aussi bien découvrir un véritable joyau qu’un dinosaure

Selon Carl Burge, la restauration d’une cabine téléphonique prend en moyenne six semaines, et commence par un démantèlement «minutieux» jusqu’à l’os. «Vous ne savez jamais ce que vous allez trouver sous la peinture. Vous pouvez aussi bien découvrir un véritable joyau qu’un dinosaure» fatigué par les années, décrit-il.

Ce Britannique a vu passer de nombreuses cabines rouges dans son atelier de King’s Lynn, dans l’est de l’Angleterre, bien souvent cassées, avec des vitres manquantes aux fenêtres ou des portes en bois pourries. Une fois que le cadre en fonte est débarrassé de tous ses composants, il est décapé à la sableuse pour éliminer la peinture, la rouille et toute autre impureté.

L’étape suivante consiste à appliquer de la résine et à poncer les imperfections, un processus laborieux qui se fait à la main et peut durer plusieurs jours. Enfin, la cabine téléphonique est peinte à la bombe avec le célèbre rouge «Post Office Red», du verre feuilleté est installé aux fenêtres et la porte est dotée d’un nouveau cadre extérieur en bois.

Carl Burge, qui a débuté dans l’automobile, a transformé sa passion pour les objets de collection britanniques en une activité de restauration à plein temps, connue sous le nom de Remember When UK. Au départ, il est tombé sur une cabine téléphonique qui faisait partie d’une propriété à vendre.

Il l’a achetée et l’a restaurée, avant de l’exposer dans son jardin. Il a fini par la vendre à son tour, ce qu’il a regretté en se rendant compte que sa cabine lui «manquait».

Devenu restaurateur professionnel, Carl Burge travaille désormais sur plusieurs cabines à la fois. Parmi elles, on trouve un exemplaire de la célèbre K2, le premier modèle de cabine téléphonique rouge introduite en 1926 et conçue par l’architecte britannique Giles Gilbert Scott, connu pour son travail sur d’autres bâtiments publics de Londres.

Une vingtaine d’années plus tard, Carl Burge n’a rien perdu de sa passion. «Je vieillis un peu, tout semble devenir un peu plus lourd. Mais je pense que mon enthousiasme est le même», a-t-il déclaré. «En fait, il est même peut-être encore plus grand.»