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Au Portugal, la tauromachie tente de séduire les enfants


Le Campo Pequeno à Lisbonne, un édifice de style néo-mudéjar datant de 1892 qui est le haut-lieu de la tauromachie portugaise. (photos AFP)

La corrida expliquée aux enfants suivie d’un spectacle sans effusion de sang : les adeptes de la tauromachie au Portugal tentent de séduire un nouveau public afin d’enrayer le déclin d’une culture critiquée par les défenseurs des animaux.

Avec ses châteaux gonflables en forme d’arène et sa mascotte de taureau sympathique, la première édition de la « Journée de la Tauromachie » organisée fin février dans l’arène du Campo Pequeno, à Lisbonne, visait les familles et les enfants.

« Grâce à cet événement, nous voulons recréer un lien entre le taureau et la culture portugaise et élargir notre public », a expliqué le président de la Fédération portugaise de tauromachie (ProToiro), Paulo Pessoa de Carvalho. « Nous voulons créer des vocations », a-t-il ajouté.

Mais pour les militants anti-corrida de la plateforme Basta, cette opération séduction des « aficionados » a uniquement « pour but de cacher le déclin évident des corridas au Portugal ».

L’association y dénonce « l’exposition des enfants à la violence de la tauromachie », un « problème très grave » selon elle, qui va l’encontre d’un avis émis en février 2014 par le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies.

Chute de fréquentation

Près de 380 000 personnes ont assisté aux 173 corridas réalisées au Portugal en 2018, selon les données collectées par l’inspection générale des activités culturelles (IGAC), soit une chute de 42% par rapport à 2009. Et Basta affirme que ce chiffre serait artificiellement gonflé par les organisateurs des corridas qui fournissent les chiffres à l’IGAC.

Au Campo Pequeno, le public composé de nombreuses familles et réuni pour la « Journée de la Tauromachie » occupait à peine le tiers des 7 000 places de cette enceinte, un édifice de style néo-mudéjar datant de 1892 qui est le haut-lieu de la tauromachie portugaise.

PORTUGAL-TRADITION-BULLFIGHTING

Plusieurs activités étaient proposées aux enfants, qui ont pu enfiler les tenues traditionnelles des toreros avant de défier de fausses têtes de taureau poussées sur deux roues.

Ensuite, les vrais taureaux ont gagné l’arène et les enfants ont rejoint la sécurité des gradins pour assister à un spectacle qui a fait la démonstration de toutes les facettes de la corrida à la portugaise, à l’exception de celle qui consiste à planter des banderilles pour éviter toute effusion de sang.

Au Portugal, la mise à mort du taureau dans l’arène est interdite depuis le XVIIIe siècle, le dernier acte de la « tourada » étant joué par les « forcados », anonymes héritiers du valet de ferme, dont le rôle est d’immobiliser la bête à mains nues dans une mort symbolique.

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« Méconnaissance »

« Je ne vais pas très souvent à une corrida mais je voulais que mon fils puisse voir à quoi cela ressemblait. En voyant que le programme de la journée n’avait rien de violent, je me suis dit que c’était la bonne occasion », a témoigné Pedro Antunes, employé de banque de 34 ans.

Son fils Tiago, âgé de cinq ans, assure ne pas avoir peur mais son regard passe rapidement de la fascination à la crispation en voyant le taureau poursuivre les toreros dans l’arène. Le petit garçon en arrive carrément à fermer les yeux quand l’animal charge sur les « forcados » alignés les uns derrières les autres.

A l’automne dernier, la ministre de la Culture du gouvernement socialiste, Graça Fonseca, s’était rangée parmi les opposants à la tauromachie et affirmé que sa position n’était « pas une question de goût, mais de civilisation ».

Furieux, les « aficionados » de la fédération ProToiro ont alors réclamé sa démission. « Les polémiques sont normales mais je pense qu’elles découlent d’une méconnaissance de la tauromachie. Nous vivons à l’époque du politiquement correct et on cède au radicalisme d’une minorité », s’est lamenté leur président Paulo Pessoa de Carvalho.

LQ/AFP

Un commentaire

  1. Merci pour ces bonnes nouvelles!
    La corrida (portugaise ou pas) est vouée à disparaitre, accélérons l’histoire.
    La corrida portugaise met à mort les animaux mais pas en public, dans le toril ou le lendemain matin en partant à l’abattoir. L’animal a reçu un grand poignard cranté dans le dos (farpa) et plusieurs paires de banderilles, il ne survivra pas à ses blessures…
    Stop Corrida!