Avec une voix androgyne reconnaissable entre toutes, qu’il compare volontiers au cri d’un « chat blessé », le chanteur israélien Asaf Avidan dissèque les variations de la rupture amoureuse dans un nouvel album, Gold Shadow, paru ce lundi.
Asaf Avidan s’est fait connaître il y a deux ans avec One Day/Reckoning Song. Il sera en concert à l’Atelier de Luxembourg, le 31 mars. (Photo : DR)
Le chanteur, jeune homme de 34 ans à la coupe iroquoise, s’est fait connaître il y a deux ans grâce au remix de sa chanson One Day/Reckoning Song par un DJ allemand (Wankelmut) puis un album, Different Pulses, encensé par la critique.
Dans ce nouveau disque, son deuxième en solo, où les multiples inspirations (Billie Holiday, Serge Gainsbourg, Bob Dylan, Leonard Cohen, Howlin’ Wolf) sont unifiées par sa voix aiguë et puissante, Asaf Avidan explore l’un de ses thèmes de prédilection : la rupture amoureuse. L’idée de départ, explique-t-il, était de disséquer ce thème avec le regard de l’homme engagé dans « une relation stable » qu’il était.
« Comme un journaliste », il s’est notamment mis à interroger « d’anciennes petites amies pour essayer de soulever quelque chose, mais cela n’a pas vraiment fonctionné. (…) J’ai continué à écrire ces chansons, en continuant à me convaincre, et à convaincre ma petite amie, que ce n’était pas sur nous, mais sur mon passé », explique-t-il. « C’est seulement quand je me suis mis à mixer l’album que j’ai dû me convaincre que c’était réellement ce que j’étais en train de ressentir », reconnaît celui qui s’est depuis séparé de sa compagne et vient de s’installer dans la campagne italienne, dans un endroit où « il y a beaucoup d’arbres et peu de touristes ».
> Fils de diplomates
Asaf Avidan, qui dit trouver dans la musique le moyen de « s’exprimer et de mieux se comprendre », s’est mis à chanter assez tard, à 26 ans, après une précédente rupture amoureuse douloureuse. Ce n’est qu’à ce moment-là que le jeune homme, réchappé d’un cancer en 2001, comprend que sa voix n’est pas comme les autres : « Je n’avais pas d’amis musiciens, je n’ai pas étudié la musique, donc je ne savais pas si ma voix était mauvaise, ou même différente. C’est seulement quand j’ai eu toutes mes chansons et que j’ai voulu les montrer aux autres que j’ai réalisé, à travers les premières réactions des gens, que je pouvais les toucher ».
Une voix de « chat blessé », terme qu’il a lu un jour dans un article le concernant et qu’il a immédiatement adopté pour décrire son timbre aigu et écorché. Une voix souvent comparée à celle de Janis Joplin et qui, estime-t-il, traduit bien « la réalité » des émotions qu’il ressent. Asaf Avidan, désormais en solo après s’être fait accompagner d’un groupe folk-rock, The Mojos, pendant quelques années, débutera au printemps une tournée qui passera par la France et notamment au Printemps de Bourges. Il donnera aussi des concerts en Suisse, Belgique et Luxembourg.
En avant-goût, l’Israélien donnait un concert privé à Paris lundi soir après un précédent, vendredi soir à la Maison de la radio, concert intense livré quelques heures après les prises d’otages dans la région parisienne, dont une ayant visé un supermarché casher de la Porte-de-Vincennes. « Même dans des situations extrêmes, je pense que si nous arrêtons de faire ce que l’on fait, on a vraiment perdu, parce c’est ce qu’ils veulent », estime ce fils de diplomates né à Jérusalem, dont la vie a été rythmée par les voyages et des conditions de sécurité extrêmes.
Le Quotidien