Pendant les vacances de Pâques, Le Quotidien s’intéresse à l’art public à travers une série rédigée par des spécialistes choisis par l’Association des artistes plasticiens du Luxembourg. Aujourd’hui, le galeriste Alex Reding se penche sur «L’art public entre histoire et signalisation autour d’une œuvre de Damien Deroubaix».
C’est un projet artistique sous forme de panneaux publicitaires placés à différents endroits stratégiques de la ville pour signaler le Centre national de l’audiovisuel et le Centre culturel régional Opderschmelz.
La commande publique se référant au CNA et à l’Opderschmelz à Dudelange présente la particularité d’être l’un des rares exemples d’une collaboration entre une ville et l’administration des Bâtiments publics. Une évidence au vu du fait que les deux parties ont payé le bâtiment. En résulte un projet dont le lien physique avec le bâtiment n’est pas requis. Effectivement, les commanditaires voyaient le projet artistique comme une extension du lieu vers l’intérieur de la ville.
Pendant un moment, on parlait même d’un parcours de panneaux signalétiques. L’idée était de trouver un certain nombre d’endroits, bien visibles, sur les places publiques du centre-ville ou des axes routiers importants, et ainsi de signaler le chemin à prendre ou du moins la direction pour rejoindre le bâtiment. Restait encore à y intégrer les références quant au contenu du bâtiment.
Une image vraie de Dudelange
Damien Deroubaix, artiste peintre figuratif, dont l’iconographie est souvent un mélange entre une iconographie populaire et une culture contestataire proche de certaines mouvances musicales, choisit ici l’option de sujets plutôt historiques de la ville de Dudelange. Faits divers étonnants, mouvement ouvrier, site industriel : Damien Deroubaix a débroussé les archives photographiques du CNA pour donner une image vraie d’une ville de Dudelange centenaire, une image touchante où l’histoire comme le moment vécu se côtoient.
Le challenge était aussi de nature technique. Pour s’imposer dans le paysage urbain, Damien Deroubaix a opté pour le concept des billboards, ces grands panneaux publicitaires. De taille impressionnante, 3×4 mètres, certains sont des panneaux sandwichs montés sur une solide construction métallique, d’autres, fixés sur châssis, sont simplement accrochés sur des façades.
Les motifs furent directement imprimés sur de l’aluminium, une erreur technique comme on a pu le constater par la suite, mais à laquelle il a vite été remédié. Effectivement, l’aluminium, très réactif à la chaleur issue du soleil, se dilatait et se réfractait trop vite pour tout type de peinture, celle-ci se décollait après le premier hiver. Les motifs furent par la suite imprimés sur des films transparents et contrecollés sur l’aluminium.
Le motif le plus imposant, par la taille et le contenu, est placé sur la façade extérieure du bâtiment abritant le CNA/CCR Opderschmelz. Il reprend, sous forme d’un arbre généalogique, toutes les personnalités de la ville, très beau moment de rassemblement, dans le temps, mais aussi des différentes activités structurantes d’une société.