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Archives de Luxembourg : une expo qui restera dans les mémoires


De nombreux «trous de mémoire» ne demandent qu'à être remplis. (Photos Archives nationales de Luxembourg)

Les Archives nationales du Luxembourg ont lancé, le 9 juin, un projet collaboratif qui nous interroge sur le rôle de la mémoire et l’importance de sa préservation. Ludique et poétique !

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Cela passe le plus souvent inaperçu, mais chaque année, à la date du 9 juin est organisée la journée internationale des Archives dans l’objectif de sensibiliser le grand public au rôle des archives dans les pays démocratiques et à leur importance pour la conservation et la préservation d’un patrimoine historique, culturel et administratif. Oubliez tous les a priori, non ce n’est pas comme une bibliothèque et non ce n’est pas rempli de chercheurs poussiéreux en chandails tricotés à la main. Les archives, ce sont avant tout notre histoire, constituée de multitudes de petites histoires, qu’elles soient administratives, légales ou culturelles.

«L’idée derrière cette journée des Archives est de sensibiliser au rôle des archives à travers le monde et, au-delà de ça, l’importance de la conservation de la mémoire et les conséquences d’une absence de mémoire pour notre société», explique Romain Schroeder, responsable des relations publiques. À cette occasion, les Archives nationales du Luxembourg ont choisi de proposer au public bien plus qu’une simple exposition sur leurs activités, mais une véritable expérience collaborative.

Ainsi, jusqu’au 28 février 2017, tout un chacun est invité à construire cette exposition avec ses propres expériences de la mémoire ou plus exactement du manque de mémoire. «L’idée est de proposer au public de venir inscrire derrière les taches noires sur les murs, leurs trous de mémoire, ce qu’il leur manque dans leur histoire personnelle mais aussi universelle, pour ainsi évoquer les raisons de cette absence ou de ce manque et les conséquences», ajoute Romain Schroeder.

Veiller sur la mémoire

Les collaborations sont libres de tout sujet ou de toute portée et peuvent être apportées sur place, via les réseaux sociaux ou internet, de manière anonyme ou non. Une page Facebook et un compte Twitter ont été créés pour l’occasion afin que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice.

Tout au long des premières contributions, environ 70 à l’heure actuelle, on peut découvrir des histoires le plus souvent très personnelles, touchant à la construction de l’identité, à l’instar de cet exemple : «Lors de la Seconde Guerre mondiale, mes arrière-grands-parents biologiques qui sont anglais ont abandonné ma grand-mère paternelle dans un orphelinat en France. Avec ma famille, nous n’arrivons pas à savoir qui ils sont.»

Il y a aussi des faits historiques oubliés ou censurés telle cette contribution intrigante : 136 Bommenugrëff op Lëtzebuerg 1914-1918. «Il y a effectivement des faits historiques qui disparaissent des livres d’histoire et qui sont ramenés au devant de la scène avec ce projet», ironise le responsable.

L’exposition n’est pas là pour répondre aux questions de chacun, ni pour effectuer des recherches sur les histoires personnelles et familiales, mais bien pour interroger sur l’importance et la responsabilité que nous avons tous de veiller à la mémoire et la transmission. Si l’avènement d’internet et des moyens de recherche très rapides nous met de la poudre aux yeux, nous laissant penser que tout est accessible en un clic, le projet «Blackout/Trous de mémoire» nous rappelle que l’histoire et la mémoire doivent s’entretenir et se transmettre en permanence, tels nos précieux bijoux de famille.

Nous pouvons atteindre tous les sommets de la technologie possible, mais l’homme ne pourra jamais survivre sans le souvenir de ce qu’il fut. Et dans une société fragilisée, il est de la plus haute importance de solidifier ses fondations et de les diffuser.

De notre collaboratrice, Mylène Carrière