Selon l’avis lointain d’un journaliste du Sunday Times, vite relayé et faisant depuis loi, Arcade Fire serait le meilleur groupe « live » du monde. A chacun ses vérités, aurait-on tendance à dire, mais il est vrai que le groupe canadien met de l’envie, et la manière, pour plaire à son public.
Rappelons quand même qu’en studio, ce n’est pas mal non plus, avec quatre albums de très bonne facture, dont un coup d’essai juste magnifique (Funeral, 2004). Le dernier est d’ailleurs attendu pour la fin du mois. Bref, revenons à cette question cruciale : alors, sont-ils vraiment si bons ? Avant ce concert samedi soir à la Rockhal, les autochtones les avaient découverts en 2011, lors d’un passage au Rock-A-Field. Les réactions d’alors étaient unanimes : oui, c’est quelque chose à vivre.
Six ans plus tard, le constat reste manifeste : Arcade Fire sait y faire, d’autant plus quand il s’appuie sur une scène à 360°, permettant moult fantaisies. Un ring à voir comme un vaste terrain de jeu sur lequel les musiciens se sont baladés, croisés, ont laissé apprécier leur qualité de multi-instrumentistes, et surtout, montré à quel point la musique est belle quand on sait rester simple, enthousiaste et fou – mais que fais-tu donc avec ce fût sur la tête ? – comme aux premières heures.
Côté « setlist », le public, nombreux, dégoulinant dans la touffeur ambiante, a eu le droit à un tout un florilège des tubes garnissant le répertoire du groupe depuis plus de dix ans, entre mélodies exquises et rythmes disco (Neighborhood #1, No Cars Go, Reflektor…). Au passage, quatre morceaux figurant sur le prochain disque s’y sont glissés, donnant à l’ensemble un dynamisant défouloir, exécuté sans la moindre pause.
Au point qu’après une heure et demie de déhanchements joyeux, le public semblait plus fatigué que les artistes. D’où, peut-être, pour finir, cet étrange rappel, aussi soudain qu’achevé, avec un Neon Bible expédié sous la lumière de milliers de portables. Certains résistants avaient sorti leurs briquets; merci à eux. Un salut que chacun, dans la salle, aurait aimé plus long. Tout le problème, finalement, avec Arcade Fire : on s’y attache facilement.
Grégory Cimatti