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Angoulême, année de la femme ?


Riad Sattouf, Fauve d'or l'an dernier pour son Arabe du futur, à l'origine de la polémique sur l'absence de femmes dans la sélection pour le Grand Prix 2016, sera malgré tout encore à Angoulême cette année. (Photo : AFP)

Le festival d’Angoulême commencera jeudi sa 43e édition, marquée par la polémique née à la suite de l’absence de femmes dans la première sélection pour le Grand Prix.

Le cinéma à Cannes, la musique classique à Bayreuth, le théâtre d’Avignon… En ce qui concerne la bande dessinée, la Mecque s’appelle Angoulême. La petite ville de Charente, dans le sud-ouest de la France, et ses 50 000 habitants vont être envahis, cette année encore, à partir de jeudi et jusqu’à dimanche, par les quelque 200 000 participants du festival international de la Bande dessinée.

L’édition 2015, restera comme celle de l’hommage à Charlie. Celle de 2016, alors qu’elle ne s’est pas encore ouverte, risque fort de rester dans l’histoire du festival d’Angoulême comme celle de la polémique et des accusations de sexisme.

Tout a commencé le 6 janvier dernier quand le festival a annoncé la liste des 30 auteurs en lice pour le principal prix de la manifestation, le Grand Prix de la ville d’Angoulême. Un prix à part, qui ne récompense pas un album ou une série en particulier, mais un auteur pour l’ensemble de son œuvre. Un prix décerné jusqu’en 2013 par les anciens lauréats, ce qui a presque exclusivement récompensé des auteurs français, ou du moins francophones, et presque exclusivement des auteurs masculins – une seule femme a eu cet honneur : Florence Cestac en 2002. Avant elle, Claire Bretécher avait été récompensée en 1982, mais dans le cadre du «prix spécial dixième anniversaire».

Depuis trois ans, tous les auteurs invités au festival et étant publiés chez un éditeur francophone ont le droit de vote. Résultat, une ouverture à l’internationale – l’Américain Bill Watterson l’emporte en 2014, suivi du Japonais Katsuhiro Otomo en 2015 –, mais toujours rien pour les auteures au féminin, dans un métier qui tend pourtant à se féminiser.

À l’annonce des 30 nommés de cette année, choisis par les organisateurs, rien ne va plus! Voyant que la liste ne contient que des auteurs masculins, plusieurs des auteurs cités : Riad Sattouf en tête, suivi de Joann Sfar, Étienne Davodeau mais aussi des Américains Daniel Clowes et Charles Burns… ont demandé, par solidarité avec leurs collègues femmes, que leur nom soit retiré de la liste.

La polémique a rapidement enflé et les responsables ont dû faire plusieurs volte-face. Après les explications – le Grand Prix est un «prix rétroviseur» qui récompense l’œuvre d’un auteur, or la bande dessinée a longtemps été l’apanage quasi exclusif des hommes –, puis les excuses – «le festival va, sans enlever aucun autre nom, introduire de nouveau des noms d’auteures dans la liste des sélectionnés au titre du Grand Prix 2016» – les organisateurs ont fini, le 7 janvier dernier par renoncer à soumettre une liste de nommés laissant aux auteurs votant leur total «libre arbitre» pour désigner le lauréat.

Résultat des courses, il y a bien une auteure parmi les trois auteurs finalistes. Ainsi la dessinatrice française Claire Wending (Les Lumières de l’Amalou) sera en lice face au Britannique Alan Moore (V pour Vendetta, Watchmen) et au Belge Hermann (Jeremiah) pour le Grand Prix. Le/la lauréat(e) sera annoncé(e) dès demain soir, en ouverture de la manifestation.

Une beau programme au-delà de la polémique

Pour le reste, ce sont des centaines de rendez-vous (ateliers, débats, performances, projections, jeux, présentations de books, spectacles, tables rondes, etc. et bien évidemment séances de dédicaces), tous en lien avec la bande dessinée, qui sont au programme de jeudi 10 h à dimanche 19 h.

Bref, les organisateurs ont quatre jours devant eux, pour faire oublier la polémique et réussir leur édition 2016.

L’an dernier, L’Arabe du futur T1, de Riad Sattouf, s’est vu remettre le Fauve d’or du meilleur album, tandis que Les Vieux Fourneaux T1, était reparti avec le prix du public. Building Stories (prix spécial du jury), Last Man (prix de la série), Yékini (prix révélation), Le Royaume du Nord (prix jeunesse), San Mao, le petit vagabond (prix patrimoine), Petites coupures à Shioguni (prix Polar) et Dérive urbaine (prix de la BD alternative) complétaient le palmarès. La remise des Fauves d’Angoulême de cette année, se tiendra, elle, samedi à partir de 19 h.

www.bdangouleme.com

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