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Andrea Laszlo De Simone, l’enchanteur  de la pop italienne


Il a la même tête que Frank Zappa, mais sa musique se tourne plus volontiers vers la douceur, l’intimisme et le cosmique. Une délicatesse qui fait de ce Turinois de 35 ans, «star» des dernières Trans Musicales, un phénomène à suivre.

Il ne fallait vraiment pas le manquer aux Trans Musicales de Rennes : Andrea Laszlo De Simone annonce en effet arrêter la scène pour entrer en studio et ciseler une pop italienne qui résonne de plus en plus à l’international. L’artiste, programmé deux soirs aux Trans (festival défricheur de talents qui durait jusqu’à hier), a créé l’évènement, recevant une très longue ovation. Sa pop orchestrale chantée en italien, avec le support de onze musiciens (cordes, cuivres, claviers, batterie, guitares), a fait mouche.

«Il y a manifestement une attente», se réjouit Matthieu Gazier, du label français Ekleroshock, qui s’occupe du rayonnement du Turinois en France, États-Unis, Belgique ou encore Angleterre (42 Records et Hamburger Records sont les autres structures autour de lui). Comme il le confie, Andrea Laszlo De Simone a «pleuré de joie» devant l’accueil du public à Rennes.

Le voir sur scène est tout un spectacle. Tignasse et moustache à la Frank Zappa, guitare sèche en bandoulière, il ne cesse d’aller et venir entre son orchestre, qu’il guide des yeux, et son micro. Les cigarettes s’enchaînent et sur deux morceaux il réussit même à chanter la clope au bec. «C’était mon dernier concert : je dois aller de l’avant dans ma musique et m’occuper de mes enfants, ce que je ne peux pas faire si je dois préparer des concerts avec mon orchestre qui peut aller jusqu’à 18 musiciens», raconte-il dans un excellent français.

«Ne pas s’éparpiller»

Difficile de croire que c’est la dernière fois qu’on voit le trentenaire en concert. «Un jour, je retournerai sur scène, peut-être pour une fois… ou jamais», glisse-t-il malicieux. «On est dans un moment où il a besoin de se consacrer à l’écriture de son prochain album, de ne pas s’éparpiller, il veut avoir du temps pour réfléchir, conceptualiser, fabriquer, car il écrit, compose, interprète, enregistre tout, il est multi-instrumentiste, même s’il fait jouer ou rejouer des parties par d’autres», développe encore Matthieu Gazier.

Il a déjà deux disques derrière lui, mais c’est surtout son minialbum Immensità sorti au printemps 2020 qui a fait parler de lui au-delà des frontières italiennes. Deux titres livrés depuis, Dal giorno in cui sei nato tu («Depuis le jour de ta naissance», dédié à ses deux enfants, fin 2020) et Vivo (début 2021) ont prolongé l’état de grâce. Ce dernier morceau célèbre la résilience. «C’est vrai, tout va mal, il y a la pandémie, beaucoup de fake news. La confusion est une des caractéristiques de notre époque, mais on a connu pire, pas la peine de déprimer, on peut affronter la réalité avec nos ressources», résume-t-il dans son doux sourire.

Inspiré par les films

On peut aussi parier qu’il n’y a pas que des chansons qui émergeront de son studio d’enregistrement. Alors qu’on entend clairement des accents d’Ennio Morricone dans sa musique, les BO de films sont dans ses radars. Il signe d’ailleurs celle des Promesses, film d’Amanda Sthers tiré de son propre livre. Il doit, en outre, son deuxième prénom à Laszlo Kovacs, directeur de la photographie sur Easy Rider que son père, photographe, admire.

«Ma mère aussi est passionnée de cinéma, ma musique a été inspirée par les films qu’ils m’ont montrés, les Pasolini, Visconti, De Sica que j’aime beaucoup.» «Je n’ai jamais acheté un disque, lâche-t-il dans la conversation. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai jamais écouté de musique! Ma mère écoutait du classique, mon père du jazz, mon frère était fan de Queen… Je fais partie d’une famille nombreuse et j’ai toujours écouté de la musique avec tous ses membres.»

«La musique a toujours été là, quand j’étais petit, mon frère était déjà musicien. Pour moi, c’était un jeu d’avoir des instruments dans les mains! Petit, je ne disais pas « je veux devenir musicien », ça aurait été comme dire « je veux devenir joueur de Lego ».» Ses fans ont hâte d’entendre les briques musicales qu’il va assembler.

Ma musique s’inspire des films que mes parents m’ont montrés : ceux de Pasolini, Visconti, De Sica…

Grégory Cimatti