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Alfred Nobel, personnage fascinant sous la plume de Dany Geer


Le buste d'Alfred Nobel au Karolinska Institute, à Stockholm. (photo AFP)

On connaît tous les prix Nobel. Mais que sait-on de la vie du créateur de la dynamite ? Via un roman, Dany Geer plonge ses lecteurs « Dans la tête d’Alfred Nobel ».

On l’avait découvert, un peu par hasard, en 2015. Il publiait alors son premier roman, Les Racines de l’olivier. Le Dudelangeois Dany Geer, longtemps façonneur en imprimerie, désormais employé dans la gérance d’immeubles, est de retour en littérature avec Dans la tête d’Alfred Nobel (éd. Les Presses littéraires). Exit donc le thriller ésotérique, place désormais au roman biographique. On découvre un Alfred Nobel vieux et malade, choyé par Marta, sa dame de compagnie. La seule dont ce solitaire, pour ne pas dire misanthrope, accepte la présence. Un soir, autour d’une petite grappa, elle lui demande de lui narrer sa vie.

Et c’est parti pour douze chapitres et quelque 140 pages où, à la première personne, l’auteur raconte la vie, finalement restée largement méconnue, de Nobel. De Stockholm où il est né en 1833 jusqu’à Paris, vers 1890; juste avant son dernier déménagement en Italie, à San Remo, où il mourra en 1896. Il sera donc question de sa famille, de ses voyages, de ses découvertes, de ses brevets, mais aussi de ses rencontres, de ses questionnements personnels, de ses déconvenues amoureuses…

«Depuis tout petit, je suis fasciné par ce type et les prix qui portent son nom, note l’auteur, mais sans trop me poser de questions. D’ailleurs, ce n’est qu’assez tard que j’ai découvert qu’il avait inventé la dynamite. J’ai trouvé cette contradiction – créer la dynamite d’un côté et inventer le prix Nobel de l’autre – très intéressante.» «De marchant de morts à promoteur de la paix» sert d’ailleurs de sous-titre à l’ouvrage.

Dany Geer se plonge alors de longs mois dans tout document pouvant enrichir son futur livre : documentaires, biographies écrites par des contemporains, mais aussi documents officiels et échanges épistolaires, surtout ceux entre Nobel et Bertha von Suttner, qui lui servit de secrétaire quelques semaines seulement en 1876, puis, pacifiste convaincue, d’inspiration pour le prix Nobel de la paix.

Romancé, avec un souci de véracité

«Au départ, je pensais écrire quelque chose sur l’espionnage industriel, explique Dany Geer. Mais même si tout cela se trouve dans le livre, en avançant dans mes recherches et en approfondissant mes connaissances sur le personnage, il m’a semblé plus intéressant de rester sur sa vie, ses questions existentielles. Car finalement, c’est lui qui est fascinant.»

Il poursuit : «J’ai voulu respecter la véracité des faits, leur chronologie, les différents lieux où il a voyagé, résidé, les noms des gens qui ont été importants pour lui, etc. Tout ça est parfaitement correct, j’ai juste un peu romancé le tout et inventé les dialogues, par exemple entre Nobel et Victor Hugo, mais toujours avec un souci de véracité. Les réponses de Hugo, par exemple, sont tirées de ses véritables textes», assure Dany Geer qui a fait le choix d’écrire son roman à la première personne car, souligne-t-il, «ça me permet de me mettre dans la peau du personnage».

Revers de la médaille, quand pour des raisons de narration, il se permet des parenthèses, pour présenter, en Italie, Ascanio Sobrero, découvreur de la nitroglycérine, puis en Autriche, Bertha Kinsky (qui deviendra par la suite Mme von Suttner), le rythme du récit est immanquablement rompu. C’est dommage, mais nullement rédhibitoire.

Le roman se lit avec plaisir; ses chapitres courts et son rythme en font un livre facile d’accès tandis que son récit et son aspect historique en font un roman intéressant et instructif. Un roman que l’auteur entoure d’un avant-propos et d’un épitomé où il explique ses intentions de romancier, remet son personnage dans son contexte et propose son avis personnel sur les prix qui portent son nom. Histoire d’être le plus transparent possible avec ses lecteurs. Ça aussi, c’est appréciable !

Pablo Chimienti