Comme la tradition le veut, le lauréat de la seconde catégorie revient l’année suivante comme membre du jury. C’est donc le talentueux réalisateur Alexander Nanau, qui avait remporté le prix du Documentaire pour son film Toto and His Sisters, qui est de retour au sein du jury.
Avec son troisième film, Toto and His Sisters, présenté lors de l’édition 2015 et lauréat du prix du Documentaire, Alexander Nanau n’aura laissé personne indifférent en nous transportant dans le quotidien du jeune Totonel, 10 ans, et de ses sœurs Andreea, 14 ans, et Ana, 17 ans, au cœur d’un bidonville de Bucarest. Au-delà des frontières du Grand-Duché, c’est une véritable nuée de prix qu’il a reçue au fil des différents festivals à travers le monde.
Né en Roumanie, de nationalité allemande, Alexander Nanau s’est découvert très jeune une passion pour la réalisation de films. «C’est lors d’un camp d’été à 16 ou 17 ans que les choses sont devenues claires pour moi, raconte le réalisateur. Je faisais beaucoup de théâtre à l’époque. Cet été-là, je jouais dans une pièce de Shakespeare et tout est devenu clair pour moi : j’aimais composer les scènes, faire la mise en scène et, par-dessus tout, j’adorais raconter des histoires.»
Un diplôme de la célèbre école de cinéma berlinoise DFFB en poche, il fait ses débuts dans le cinéma et c’est un peu par hasard qu’il décide de se consacrer au genre documentaire. «J’avoue qu’au début, ça me semblait plus facile de raconter des histoires avec un documentaire, c’est simplement pour cela que je me suis tourné vers ce genre», ajoute-t-il.
La qualité de l’histoire
Il aura passé près de 15 mois à réaliser ce sublime et déchirant portrait d’une société à la dérive qu’est Toto and His Sisters. «Je me suis toujours donné comme objectif de pouvoir faire un film avec des personnes réelles qui puisse être meilleur qu’une fiction. Il m’a fallu du temps pour trouver Toto, mais quand je l’ai rencontré, j’ai su que c’était lui, il avait quelque chose de très fort, comme une star de cinéma!», s’exclame le réalisateur.
Quinze mois à observer sans jamais juger, à trouver sa place au sein de cette famille hors du commun. «Je n’avais qu’un assistant avec moi. Je suis convaincu que l’on peut faire du très bon cinéma tout seul. Cela m’a aussi permis de gagner leur confiance, de devenir un véritable ami.»
De retour au Grand-Duché pour la 6e édition du Luxembourg City Film Festival, c’est à lui maintenant d’endosser le rôle de jury et de déterminer, lequel des huit films en compétition décrochera le graal. «C’est difficile, le festival est d’un niveau très élevé. J’adore ce festival, ses choix, les salles de cinéma, les autres membres du jury. La seule chose que je puisse dire, c’est que pour moi la qualité de l’histoire est presque plus importante que le traitement cinématographique!», ajoute le cinéaste.
Et quand on le titille sur le dernier film de Michael Moore, Where to Invade Next, présenté lui aussi dans la compétition, il ne mâche pas ses mots : «Un film de Michael Moore, c’est comme manger chez McDonald’s. Sur le coup, on est satisfait, même si on sait tous que c’est de la nourriture de très mauvaise qualité et beaucoup trop grasse. D’autant qu’une heure après, on a encore faim!»
De notre collaboratrice Mylène Carrière