Accueil | Culture | [Album de la semaine] Zouzou : Philippe Katerine, pas si zinzin que ça !

[Album de la semaine] Zouzou : Philippe Katerine, pas si zinzin que ça !


Philippe Katerine

Zouzou

Sorti le 8 novembre

Label Cinq 7 / Wagram Music

Genre pop

Jusqu’alors, quand il s’agissait de citer un musicien iconoclaste et doux-dingue, capable de mélanger dans une marmite les styles et les humeurs, le nom de Chilly Gonzales était celui qui venait d’emblée à l’esprit, surtout à l’internationale.

Normal pour un polyglotte… Mais depuis la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris cet été, diffusée en mondovision, la planète entière sait désormais que la France a, elle aussi, un sacré client à défendre : Philippe Katerine. Pour les connaisseurs, les deux se trouvaient associés autour d’un même morceau, Duo, sorti en 2019 et tiré de l’album Confessions, qui a valu à ce dernier la distinction d’artiste masculin de l’année aux Victoires de la musique. Pas suffisant, toutefois, pour lui donner une résonance en dehors des frontières de l’Hexagone.

Ce qui n’est pas le cas de sa performance du 26 juillet où, devant des millions de téléspectateurs, il est apparu dans le plus simple appareil, tel Dionysos, et tout de bleu pailleté, interprétant d’un regard coquin la chanson Nu, ode à la simplicité et à la fraternité lancée par cette phrase : «Est-ce qu’il y aurait des guerres si on était restés tout nu?» Derrière les rires et la surprise, rapidement, les critiques sont arrivées. Devant ce tableau vivant, des autorités religieuses et autres politiques conservateurs y voyaient une référence déplacée à la Cène. Lui plaidait une forme d’innocence, ce qui se comprend quand on connaît l’homme et l’artiste. Car s’il y a bien une chose à laquelle il tient depuis le début de sa carrière, c’est cette propension à être libre et, par ruissellement, à tout se permettre.

Ça fait des années que ça dure, plus exactement depuis 1991 et la sortie de son premier disque (Les Mariages chinois). Depuis, le chanteur, devenu un acteur prisé et animateur radio, ose, encore et encore. Branché «pipi caca» et surréalisme, touchant et absurde à la fois, on l’a déjà vu, pour mémoire, poser à poil (Les Créatures / L’Homme à 3 mains, 1999), célébrer sa famille (Philippe Katerine, 2010), mettre à la mode la discothèque le «Louxor» à Clisson (Loire-Atlantique) ou s’afficher avec un sexe à la place du nez (Confessions). Aujourd’hui âgé de 55 ans, il ne semble pas connaître la crise, toujours fidèle à ses intentions : mélanger sujets personnels, sociétaux et gros délires dans une musique sans frontière stylistique. Son nouvel album, Zouzou, en est une parfaite illustration.

Ce «Zouzou» n’est autre que son chien, qui pose à ses côtés sur la pochette. Affublé d’un bob, la main posée sur le toutou, le maître s’affiche en toute décontraction. Normal puisque, selon lui, les dix-sept morceaux, aux couleurs très différentes, symbolisent une journée «idéale», soit «pleine de surprises» et de «bonheur».

On le suit alors d’un pas convaincu, et on n’est pas déçu : Philippe Katerine reste ce trublion de la chanson française, fantaisiste à souhait quand il fait chanter sa fille aux talents d’imitatrice (La chanson d’Eddie), se demande si l’Histoire aurait été la même si Hitler avait joué à Fortnite (Père) ou encore, s’adresse à sa verge «qu’il ne voit plus beaucoup», sur un prélude de Bach (Que deviens-tu?) Osé.

Mais comme souvent avec lui, derrière les refrains tranquilles et la malice, l’autodérision et l’esprit enfantin, il est aussi question de sujets sérieux et intimes, comme le temps qui passe avec son lot de changements, de pertes et de chagrin (Joyeux anniversaire, Frérot, Chez Philou…), l’inquiétude d’un papa face à un monde qui part à vau-l’eau, l’amour des siens qu’il souhaite proches de lui et les petits plaisirs de la vie, comme celui de «rester sous la couette» ou de «dormir en cuillère» aux côtés de l’être aimé.

Oui, le voyage en vaut la peine, musicalement pop et inspiré, tendrement drôle et jamais naïf. Bien sûr, il aura toujours ses détracteurs, d’autant plus vrai dans des sociétés où le repli est devenu un réflexe, et où l’on pointe du doigt ceux jugés trop différents. À ces gens qui avancent en mode GPS, il répond : «Quand on est total à l’ouest / Le temps est bien plus digeste / Sûr qu’on me traîterait de niais / Ah c’est celui qui dit qui l’est!»

Un commentaire

  1. Thanks for this fantastic post, it’s really helpful.