Cette semaine, de la pop, avec Once de Maxwell Farrington & Le SuperHomard, sorti le 30 avril sur le label Talitres.
Que les fans de séries Z et de navets filmiques, bricolés avec rien, remballent leur pop-corn : Maxwell Farrington & Le SuperHomard n’est pas le titre d’un énième «nanard», né du cerveau agité d’un scénariste de bas étage. L’idée est pourtant tentante, et le tableau vite dressé : d’un côté, une fin du monde imminente. De l’autre, pour seuls remparts, un marin et son fidèle homard géant, en mode Godzilla. L’histoire d’une belle amitié entre homme et crustacé que l’on découvre ici, avec certes moins d’effets spéciaux. Mais elle trouve bien son ancrage à fleur d’eau : la Bretagne d’un côté, et la ville d’Avignon, de l’autre.
Une belle distance qu’ont effacée, en se réunissant, Maxwell Farrington, chanteur australien bourlingueur qui a fini par se poser à Saint-Brieuc, et Christophe Vaillant (Le SuperHomard), multi-instrumentiste, auteur d’un remarqué premier long format (Meadow Lane Park, 2019). Deux passionnés de Lee Hazlewood, Scott Walker, Burt Bacharach ou Frank Sinatra qui se sont rencontrés, par hasard, lors d’un festival à Paris il y a deux ans. Après une longue discussion, les références communes étaient trop nombreuses pour ne pas se faire de promesses, notamment celle de réaliser un projet commun.
Une même passion pour la « jolie pop » et une élégance de tous les instants
Voilà donc Once, et à son écoute, on se dit que ces deux-là se sont bien trouvés! Comme dans un couple qui fonctionne, entre eux, les tâches sont également réparties : Maxwell Farrington apporte l’écriture et sa voix de crooner, à l’élégance d’un autre temps. Christophe Vaillant, lui, se charge de l’enrobage, joue les instruments qui manquent, signe les arrangements… Entre les deux, une même passion pour la «jolie pop», et une élégance de tous les instants. À cela s’ajoutent un sens de la maîtrise, avec douze morceaux qui tournent autour de trois minutes, montre en main, sans trop en faire, ni déborder.
On a pourtant affaire à une pop dans tout ce qu’elle a de plus orchestral, celle qui, justement, ne se retient pas : cordes et vents en cascade, claviers perchés haut et tout un attirail de sucreries baroques qui animent une collection de mélodies imparables. Car c’est bien là le talent des deux hommes, maîtres d’œuvre d’un disque qui convoque de vieux fantômes, régulièrement cités : les Beatles, les Beach Boys, Phil Spector et, encore plus en profondeur, celui d’Arthur Lee, du groupe Love (comment ne pas s’en convaincre en écoutant Happening Again). Mais aussi des références plus actuelles (Adam Green, The Divine Comedy).
Même Iggy Pop n’est pas resté insensible à cette quête du beau, et deux titres ont eu les honneurs d’une diffusion sur les ondes de BBC 6. Sûrement parce que Once, bien qu’il tombe parfois dans le kitsch (Good Start), développe toute une palette de couleurs qui, d’un, évite l’ennui et, de deux, contourne les facilités du genre, s’offrant même un intermède étonnant en guise d’hommage à Ennio Morricone (La Mesa Motel). Bref, bien que les pieds plantés dans l’eau, Maxwell Farrington & Le SuperHomard prennent de la hauteur grâce à cette première solaire, charmeuse, addictive. De quoi en pincer pour eux!
Valentin Maniglia