Los Bitchos
Let the Festivities Begin !
Sorti le 4 février
Label City Slang
Genre rock / world / instrumental
Des mois avant la sortie de ce premier album, Los Bitchos suscitait déjà bien des attentions. Pourtant, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent, en dehors d’un ou deux titres disséminés ici et là sur le net. Le bouche-à-oreille faisant, c’est la session de la très branchée KEXP (aux lives inspirés) qui va faire finalement office de tremplin, comptabilisant aujourd’hui un million et demi de vues depuis décembre 2019. Franchement pas mal pour une musique estampillée «alternative».
Alors pourquoi un tel engouement ? Déjà parce que l’on a affaire à un groupe 100 % féminin, comme le rock les aime tant, rappelant de loin l’audace punk et l’affranchissement des «riot grrrl». Ensuite parce qu’ensemble, elles symbolisent toute la richesse du métissage : soit quatre nationalités réunies dans une seule même ville, Londres. Au casting, on trouve ainsi l’Australienne Serra, l’Uruguayenne Agustina, la Suédoise Josefine et l’Anglaise Nic, quatuor entraînant tout sourire, franchement pas du genre à se prendre la tête.
En témoigne le titre de cette première offrande, Let the Festivities Begin !, où tout n’est pas que dans le nom mais aussi dans l’image ! Sur une pochette kitsch, tout l’attirail est sorti : ballons gonflables, gros gâteau, cocktails et chapeaux pointus, turlututu… En dehors des confettis, rien ne manque au tableau pour que la «party» soit une réussite. Chez elles, ce sens de la fête tient même de l’impératif, comme l’atteste leur concert donné à Luxembourg l’été dernier, franchement décontracté et joyeusement récréatif.
Que proposent-elles d’ailleurs ? Une musique métissée qui ramène, une fois encore, aux origines multiples du groupe, ouvert sur le monde entier : au centre, des guitares surf de Californie, ondulant en échos. Et autour, tout un brassage de sons péruviens, argentins et turcs, qui fait le grand écart entre pop, rock et cumbia. De quoi donner des envies d’îles des Tropiques ou de soleil d’Amérique latine, un peu comme Manu Chao le faisait en son temps (le bonnet péruvien en moins).
Oui, avec ce disque, l’envie d’évasion est forte, et conduit à d’autres influences, des collaborateurs plutôt, comme le groupe Altin Gün, rajeunissant le folklore du Bosphore et avec qui Los Bitchos partage un récent morceau. Ou encore le duo Mac de Marco et Ty Seagall, de loin le plus cool d’entre tous, avec qui elles partagent parfois la scène. Dans l’ombre, Let the Festivities Begin! a eu les faveurs d’un autre homme : Alex Kapranos (chanteur de Franz Ferdinand), tombé sous le charme de ces demoiselles.
Une ferveur qui l’a amené à une production plus riche et mordante, aux arrangements faits de guitares «funky» et de percussions. C’est que Los Bitchos doit combler le vide laissé par une musique 100 % instrumentale (en dehors de très rares éclats de voix qui s’entendent sur l’album). C’est une gageure, oui, mais rien d’impossible! D’où cette idée d’injecter un maximum de groove et de rythme, afin de s’approcher au plus près d’un live.
Il en résulte alors onze titres percutants, qui pourraient servir de BO à un western latino ou oriental, un peu déjanté, comme sait le faire Quentin Tarantino. Parfois, les sons rappellent ceux vaporeux du trio texan Khruangbin, bien que le cocktail proposé ici soit moins chimérique. Car Los Bitchos est dans le concret : elles veulent fédérer, donner le sourire et faire danser. Un geste rendu d’autant plus crucial par la pandémie, qui depuis deux ans, a saboté ces belles intentions. Mais le quatuor ne perd pas le moral. Un verre à la main, il attend, patiemment, des nuits plus longues et complices. Promis, les «feel good party» ne sont pas mortes.
Los Bitchos est dans le concret : elles veulent fédérer, donner le sourire, faire danser