Le nouvel album de Philippe Katerine, Confessions, c’est 18 titres pour une heure de folie à fleur de peau !
S’il y a bien une chose fascinante avec Philippe Katerine, c’est cette propension, chez lui, à être libre, et donc à tout se permettre. Un étrange personnage, attachant bien sûr, mais également satirique, absurde et drôle, qui s’affine au fil du temps sans jamais perdre ses élans dadaïstes, tout en décalage. Et ça fait des années que ça dure, plus exactement depuis 1991 et la sortie de son premier disque (Les Mariages chinois). Depuis, le chanteur, devenu acteur prisé – on se souvient de sa géniale prestation dans Le Grand Bain, auréolé par un César l’année dernière – ose, encore et encore.
Un artiste, intellectuel et timide, branché «pipi caca», qui outre sa capacité à célébrer la beauté de la natation synchronisée masculine, donc, n’hésite pas à poser nu (Les Créatures/L’Homme à 3 mains, 1999), à célébrer sa famille (Philippe Katerine, 2010) ou encore à rendre célèbre la discothèque «le Louxor» à Clisson (Loire-Atlantique)… Qu’on se rassure, ce doux excentrique n’est pas près de connaître la crise, notamment celle de la cinquantaine, comme le prouve cette dixième production, aux accents intimistes (Confessions).
D’emblée, la pochette rappelle l’aspect farfelu de l’homme. Il y pose avec de grandes oreilles et un pénis à la place du nez. Du Philippe Katerine tout craché! Dedans, c’est encore plus percutant, avec 18 titres pour une heure de folie à fleur de peau. Mieux, ce nouveau disque ramène 14 ans en arrière et son Robots après tout, son plus gros succès populaire. Confessions a en effet le calibre – et l’audace – pour devenir un album majeur de sa discographie, ne serait-ce que par sa façon de viser large, et juste. Une fournée pétillante, composite, alternant electro-pop, rap, ballades, où sa voix haut perchée électrise ou caresse, c’est selon.
Que dire, aussi, du casting «XXL», qui met également en scène toutes ses familles : la vraie – ses enfants, son beau-père Gérard Depardieu, père de Julie, sa compagne et mère de ses deux enfants – et celle d’emprunt, réunion de chanteurs, rappeurs et de vieux potes (Lomepal, Camille, Angèle, Oxmo Puccino ou l’ami de 30 ans, Dominique A).
Si Philippe Katerine a un penchant pour la gaudriole, il ne faut pas oublier sa sensibilité et sa qualité d’observateur, de sa propre vie comme du monde qui l’entoure. Sa dernière œuvre, ancrée dans son temps, en témoigne, avec ce sample de voix du président français Emmanuel Macron qui fuse dans BB Panda, morceau taillant l’idiotie politique. Le racisme (Blond) et l’homophobie (88 %) y sont également abordés.
Entre sujets intimes, sociétaux et gros délires, portés par une musique sans frontière stylistique, l’artiste impose ici toute sa palette, à la fois fin mélodiste, roi de la formule, avant-gardiste, homme piquant, sensible. Normal, donc, de terminer cet album avec un «ego trip» dans lequel l’actrice Léa Seydoux tisse une chanson à sa gloire. Vivement le mois prochain et le nouveau film de Valérie Donzelli (Notre dame) dans lequel il joue. Le voir et l’entendre fait tellement de bien.
Grégory Cimatti