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Agences immobilières : excès à tous les étages


Un constat "catastrophique" dressé par l'UFC-Que Choisir sur les pratiques des agences immobilières. (illustration AFP)

Des honoraires toujours exorbitants pour un maigre service rendu aux candidats locataires, une transparence « aux oubliettes » et des infractions en hausse : une enquête de l’association UFC-Que Choisir jette une lumière crue sur les pratiques des agences immobilières.

« Les services des agences immobilières sont très chers, en-dessous de tout et en plus, elles violent la loi. Cela fait beaucoup pour une profession qui est dans notre collimateur, compte tenu de l’enjeu de l’accès au logement en France », a estimé Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir, en présentant l’étude. Au terme d’une enquête de terrain auprès de 1 246 agences immobilières, réparties dans 76 départements, l’association de défense des consommateurs dit avoir constaté que la transparence était « aux oubliettes » et dénonce la persistance d’ « excès à tous les étages ». Au vu de ce constat « catastrophique », l’UFC-Que Choisir « met en demeure » 392 de ces agences « de se conformer à leurs obligations légales et réglementaires », faute de quoi elle envisagera des recours judiciaires.

Selon l’enquête, « le service au candidat locataire est fort limité » car près de 4 agences sur 10 (38%) n’ont pas fourni d’informations détaillées sur le bien en location. « On peut s’interroger sur la valeur ajoutée des agences et l’opportunité de passer par elles », estime Alain Bazot. « Vous avez cent fois plus d’informations sur un site tel qu’Airbnb (la plateforme d’hébergement chez l’habitant, NDLR) pour une location de vacances de quelques jours ! Avec une agence immobilière il faudrait louer quasiment les yeux fermés, pour un budget considérable, un bien pendant plusieurs années », pointe-t-il.

« Quasi exclusivement au service du propriétaire »

Plus grave, « la quête excessive de garanties des agences au profit des bailleurs a la vie dure », relève l’UFC-Que choisir. En effet, malgré le décret de novembre 2015 qui liste les pièces exigibles, « 81% des agences enquêtées n’ont pas hésité à demander au moins un document interdit », tel qu’un RIB ou un livret de famille, contre 62% lors d’une enquête de 2011. Au final, les candidats locataires sont « le cadet des soucis des agences immobilières, ils leur paient des honoraires très élevés et c’est à peu près tout », s’indigne Alain Bazot. « Elles sont quasi exclusivement au service du propriétaire ».

Parmi les agences visitées, plus d’une sur trois (35%) n’affichait pas systématiquement le diagnostic de performance énergétique des logements à louer. Or, « en raison de la flambée des prix de l’énergie, cette information est particulièrement importante pour le locataire »: le coût du chauffage est déterminant pour son budget alors qu’il « ne peut pas intervenir sur l’isolation du logement », souligne l’UFC.

De même, moins d’une agence sur cinq (18%) respecte « l’information détaillée » sur les honoraires de location, qui doit distinguer les frais d’agence de l’état des lieux. Ce dernier peut soit être réalisé par un huissier « pour un coût moindre », soit être établi sans frais d’un commun accord, par le propriétaire et le locataire. Aussi plus d’un quart (26% contre 21% en 2011) des agences n’affichent toujours « aucune information en vitrine » sur leurs honoraires, une obligation légale qui date pourtant de 25 ans, s’insurge l’association.