Kevin Grethen, journaliste, publie « Affaires non élucidées » aux éditions du Quotidien. L’ouvrage, préfacé par Gilbert Thiel, ancien juge d’instruction, revient sur des crimes sans coupables commis dans la région.
Dans une rédaction, le « fait-diversier », comme on l’appelle communément, est un être à part, un collègue qui n’obéit pas tout à fait aux mêmes règles de fonctionnement que les autres. Il est le spécialiste des drames qui, par définition, surviennent à tous moments, du jour et de la nuit, de la semaine… Le fait-diversier est un professionnel en éveil. Il est là au début de l’histoire. Puis il suit les évolutions de l’enquête, patiemment, obstinément, scrupuleusement, jusqu’à son aboutissement judiciaire. Un procès dans l’idéal.
Mais parfois l’enquête ne parvient pas à établir la vérité. Policiers, gendarmes, magistrats se heurtent au manque d’indices, à l’absence de la preuve irréfutable. Le dossier peut rester ainsi en souffrance de longues années. L’attente est douloureuse pour les proches des victimes, qui vivent avec l’impossibilité de faire leur deuil. Car sans coupable, sans explication, sans procès… il est difficile de tourner la page.
Les tribunaux sont pleins de ses affaires en suspens. Certaines ont défrayé la chronique. Le meurtre du petit Grégory dans les Vosges et une enquête en déroute ont marqué l’histoire judiciaire. Il est troublant de se dire que quelqu’un, quelque part, probablement tout près d’ici, sait la vérité sur ce crime ignoble.
Des histoires sans fin
Kevin Grethen, signature connue des lecteurs du Républicain Lorrain, a ouvert quelques-uns des dossiers criminels enterrés. Il s’est attaché au seul département de la Moselle. Vingt et une de ses chroniques constituent un ouvrage passionnant : Affaires non élucidées, publié aux éditions du Quotidien. « Mais dans l’imaginaire collectif, façonné par les médias, rien ne vaudra jamais une procédure insuffisamment aboutie, aux multiples rebondissements qui ne permet pas de lever le doute […] Une sorte de suspens à perpétuité », écrit dans la préface de l’ouvrage Gilbert Thiel, ancien juge d’instruction et ancien magistrat de la cellule antiterroriste.
Le travail de Kevin Grethen plonge le lecteur dans des mystères de proximité dont les scénarios semblent sortis de l’imagination de scénaristes de séries policières. Pourtant, toutes les histoires sont bien réelles avec une foultitude de questions sans réponse. Une infirmière tuée dans son sommeil. Un fourgon braqué à l’arme lourde. Un homme exécuté et enterré dans son jardin. Un corps de femme recroquevillé dans un tonneau en pleine forêt. Un chef d’entreprise abattu d’une balle dans la tête… Des histoires sans coupables. Donc sans fin.
Pierre Roeder (Le Républicain Lorrain)