Deux immenses gravures murales dessinées par Pablo Picasso ont été détachées lundi pour être extraites d’un bâtiment d’Oslo promis à la démolition, a annoncé l’opérateur de ce chantier délicat et controversé.
Enchâssées dans de grandes structures métalliques, les deux œuvres monumentales dessinées par le génie espagnol et gravées par l’artiste norvégien Carl Nesjar, vont être très lentement déplacées (moins de 1 km/h) via un engin adapté. Elles seront transférées vers un lieu de stockage situé à quelques dizaines de mètres de là, a annoncé Statsbygg, l’entreprise publique norvégienne en charge du chantier. « L’opération est très lente » et devrait s’achever d’ici « jeudi ou vendredi », a indiqué Pål Weiby, un responsable du chantier sur place.
Côté rue, Les Pêcheurs met en scène trois hommes hissant leurs prises dans leur barque. À l’accueil, La Mouette représente un volatile gobant, toutes ailes déployées, un poisson. En incluant les structures métalliques, les deux blocs de béton, dont le découpage du mur a pris plusieurs mois, pèsent respectivement 250 tonnes et 60 tonnes. Les œuvres se trouvent à deux endroits différents du « bloc Y », un bâtiment gouvernemental datant de 1969, ainsi nommé en raison de sa forme.
Breivik avait fait exploser une camionnette
Endommagé par le sanglant attentat perpétré à proximité par l’extrémiste Anders Behring Breivik en juillet 2011, ce complexe massif en béton et au style moderniste va être détruit. Les deux œuvres doivent être intégrées dans un nouveau bâtiment du gouvernement, prévu pour être achevé en 2025 dans ce quartier des ministères, en plein centre d’Oslo.
Des opposants au projet, en Norvège mais aussi à l’étranger, s’étaient mobilisés ces dernières années pour sauver le bâtiment à la beauté très discutable, appelant à le rénover et à le conserver comme il est prévu pour son voisin le « bloc H ». Ce dernier avait été la première cible des attentats du 22 juillet 2011. Anders Behring Breivik avait garé devant et fait exploser une camionnette bourrée de près d’une tonne d’explosifs, avant d’aller massacrer à l’arme semi-automatique des jeunes militants de gauche sur une île au large d’Oslo.
Outre la sauvegarde d’une œuvre architecturale typique des années 60, les opposants à la destruction invoquent un argument symbolique : les bâtiments gouvernementaux sont restés debout quand bien même l’extrémiste de droite a tenté de les abattre et, avec eux, la démocratie. Le « bloc H », qui abritait lors de l’attentat les bureaux du Premier ministre, abrite lui aussi trois autres œuvres monumentales dessinées par Picasso.
AFP/LQ