Accueil | Culture | A Londres, une école enseigne aux pères Noël l’art d’être « magiques »

A Londres, une école enseigne aux pères Noël l’art d’être « magiques »


A Londres, le professeur James Lovell enseigne à ses étudiants comment être un bon Père Noël (photo: AFP)

« Ho Ho Ho ». A l’approche des fêtes de fin d’année, dans cette classe d’un genre très spécial à Londres, ce ne sont pas les sciences ou l’histoire qui sont au programme mais l’art et la manière d’incarner le père Noël idéal, celui qui fera briller les yeux des enfants.

Car un bon père Noël, cela ne s’improvise pas, tranche James Lowell, 52 ans, qui se targue de former la crème des « Santa » dans sa « Santa School », au sein de son entreprise d’animation événementielle, Ministry of Fun.

« C’est important. Les enfants viennent le voir car c’est une personne spéciale », dit-il. Pas question donc qu’ils soient déçus après parfois des heures de queue pour pouvoir l’approcher et lui parler. Il faut que la rencontre soit « magique », maître-mot du formateur qui ne se remet toujours pas d’avoir croisé des pères Noël en baskets ou cigarette à la bouche.

Pour être à la hauteur, il y a d’abord le costume, qui se doit d’être de qualité et non un vulgaire déguisement. Taillé dans un épais velours rouge, celui porté par les élèves de la « Santa school » coûte la bagatelle de 1.000 livres (1.120 euros). Tout comme la barbe factice « fabriquée main », précise James Lowell.

Mais l’habit ne fait pas tout. Il faut aussi savoir se mouvoir d’une démarche chaloupée et faire retentir un sonore et gai « Ho Ho Ho ». Être polyglotte pour pouvoir tonner « Joyeux Noël » dans toutes les langues. Connaître les noms des neuf rennes du père Noël.

Il y a également quelques règles d’or à respecter comme ne jamais demander à un enfant comment il s’appelle, s’il a écrit sa lettre ou encore quels cadeaux il a demandés. Car « vous savez, vous êtes magique, vous êtes Santa », claironne James Lowell. Ne jamais faire de promesse non plus pour ne pas mettre les parents dans l’embarras et créer la déception.

Figure symbolique

Face à lui, ce jour-là, une dizaine de pères Noël, apprentis ou déjà confirmés, sont installés, costumés de pied en cap. Ils prennent sagement des notes ou participent à des jeux de rôle censés les préparer à toute éventualité, comme la fatale question « Est-ce que tu es le vrai père Noël? ».

Un bon père Noël doit aussi potasser chez lui, à la maison, pour se tenir au courant des jouets ou consoles de jeu à la mode. « Nous devons faire des recherches pour savoir ce qu’il y a sur les rayonnages » des magasins, déclare Santa David, ravi d’exercer « le plus beau métier au monde » depuis 26 ans.

Chaque année depuis 1998, ils sont une quarantaine -en majorité des acteurs mais aussi d’ex-enseignants- à suivre la formation de la « Santa School » avant de s’éparpiller entre autres dans les grands magasins londoniens qui tous proposent une « grotte du père Noël ».

Pour Santa Dan, un acteur qui a déjà revêtu l’habit rouge et blanc 14 années de suite, « il n’y a rien de plus réjouissant que de voir la réaction » des enfants.

En général, il ne dispose que de trois minutes pour les émerveiller au vu des files d’attente. Malgré le poids du costume, la chaleur et le bruit qui règnent dans les magasins, « il faut savoir maintenir l’énergie pour faire sentir à tous les enfants, le premier comme le dernier, qu’il est spécial », dit-il.

Selon lui, le mythe continue de prendre parce que le message du père Noël est « celui de la générosité », « la gentillesse ».

« Il est devenu une figure symbolique, mais pas dans le sens religieux. Celle de la figure qui rassemble » famille et amis, renchérit James Lowell, qui souligne que derrière le battage marketing qui peut lasser, « il y a un message très positif, plein d’espoir ».

« Il ne fait de mal à personne. Les enfants y croient parce que les adultes veulent y croire aussi ».

Le Quotidien/ AFP