Une exposition à Paris offre une immersion musicale, sonore et visuelle dans l’univers du «père de l’abstraction».
Dans la pénombre, face à de grandes toiles noires animées par des images faisant référence à la Russie, la terre natale de Kandinsky, le visiteur se laisse porter par un opéra de Wagner, Lohengrin, diffusé dans un casque. Cette introduction sensorielle de l’exposition «Kandinsky. La musique des couleurs» fait référence au «choc» que le peintre russe dit avoir éprouvé en 1896 à Moscou, en entendant cet opéra pour la première fois. Lorsqu’il l’écoute, «il a une révélation. Il voyait des images mentales, des formes chromatiques abstraites diffuses», explique Angela Lampe, co-commissaire de l’exposition et conservatrice au Centre Pompidou.
«Kandinsky est sans doute l’artiste de la modernité qui a le plus étroitement lié peinture et musique, à travers plusieurs approches : intellectuelle, émotionnelle, sociale», souligne Marie-Pauline Martin, la directrice du musée de la Musique et co-commissaire de l’exposition, visible à la Cité de la musique, à Paris, jusqu’au 1er février. Cette expérience, couplée à sa découverte d’une toile de Monet, le pousse à se consacrer à la peinture. Il abandonne le droit et l’économie, s’installe à Munich et entame une œuvre marquée par la recherche d’un «art total».
Bruit de pinceau
L’exposition, rendue possible par la disponibilité de nombreuses toiles à la suite de la fermeture temporaire du Centre Pompidou, montre l’évolution progressive de sa peinture vers l’abstraction. L’aboutissement de ce parcours est la présentation de plusieurs de ses grands chefs-d’œuvre : Jaune-rouge-bleu (1925), Composition VIII (1923, prêtée par le Guggenheim de New York), Composition IX (1936) et Composition X (1939).
Le travail autour de la musique est expliqué par des encadrés, des films réalisés par la Philharmonie ou par des documents du peintre. Une adaptation ludique et pédagogique du parcours sonore a été pensée pour les enfants. L’expérience se veut aussi immersive : les musiques sont entrecoupées de sons d’ambiance, comme un bruit de pinceau sur une toile, ou par une voix.
Une salle est consacrée à la relation du peintre avec Arnold Schönberg, compositeur et peintre amateur, avec qui il entretient une correspondance pendant plus de dix ans. Une autre présente une multitude d’objets ayant appartenu à Kandinsky et faisant référence à la musique : disques, photos, partitions, livres.
Jusqu’au 1er février 2026. Cité de la musique – Paris.