Pour son 15e anniversaire, le CAPe (Centre des arts pluriels d’Ettelbruck) renforce ses bases et s’offre un peu de fraîcheur, sous l’égide de son directeur artistique, Carl Adalsteinsson.
Comme il le précise lui-même, il a eu le temps de prendre la température, de traîner dans les gradins « à l’écoute du public » pour mieux imaginer l’avenir du CAPe. Carl Adalsteinsson a succédé, l’année dernière, à Ainhoa Achutegui en douceur, car la programmation était déjà entérinée, lui laissant ainsi plus de liberté dans l’approche de son nouveau poste. Une saison, donc, à découvrir Ettelbruck et les « impressions » des spectateurs, même s’il lui a fallu se frotter au problème de la renégociation des conventions, au final, une véritable tempête dans un verre d’eau.
« Cela a au moins eu le mérite de remettre tout à plat », lâche-t-il, à l’aube d’entamer son «véritable» premier exercice, qui tombe, de surcroît, l’année des quinze ans du CAPe, moment « idéal pour mener des réflexions critiques », sans pour autant tout changer, bien sûr. Une douce révolution, voilà ce que propose le directeur artistique, peu « effrayé » par la tâche, qui cultive une science des « détails », sachant que le plus important reste « sur les rails » : le CAPe reste attractif (plus de 20000 spectateurs par an) et a encore une belle marge d’évolution (entre 75 et 80 % de taux de remplissage).
Hommage aux voix et aux clubs jazz
C’est donc « petit à petit » que les choses évoluent dans le nord du pays, avec d’anodines avancées : une nouvelle identité visuelle – réalisée par l’agence de graphisme luxembourgeoise Bunker Palace – une billetterie plus fonctionnelle et quelques retouches ici et là, afin de rendre le bâtiment encore plus chaleureux (lumière, peinture…). Et c’est le 30 octobre prochain que l’on saluera l’initiative d’Edouard Juncker avec un concert de rentrée de l’Orchestre de chambre du Luxembourg, avec David Reiland aux baguettes et Nora Braun au violoncelle.
Dans la foulée, tourné vers la jeunesse avec son programme Caku pour enfants âgés de deux à douze ans, tenant à cœur son rôle de médiateur et motivé par un éclectisme qui a déjà fait ses preuves, le CAPe proposera une vaste palette de spectacles, sans flonflon, ni tapis rouge. « Non, on ne va pas tirer des feux d’artifices de la place du Marché tous les jours », sourit Carl Adalsteinsson. Entre soirée à orchestre, exposition, théâtre, danse et autres orientations artistiques, quelques temps forts sont à souligner, comme les venues de la chanteuse cubaine Addys Mercedes (10 octobre) et de l’artiste «touche-à-tout» néerlandais Herman van Veen (20 février 2016), ainsi que la comédie musicale Cabaret par l’Opéra de chambre de Cologne (5 février 2016).
Au total, une centaine de rendez-vous ponctueront l’année. Un chiffre non négociable pour le directeur artistique qui, face à la crise persistante, n’hésite pas à avoir recours aux donateurs privés, choix qu’il voit comme « un mariage heureux ». Dans l’idée, la collaboration trouve tout son sens et c’est ainsi que trois coproductions seront à l’affiche ( Matka , Philoctète et Ein Kind unserer Zeit ).
Le CAPe a même commandé une œuvre à la jeune musicienne établie au Luxembourg Tatsiana Zelianko, dont la création mondiale sera assurée par le Kammermusekveräin Lëtzebuerg (14 octobre). Et comme c’est la « culture qui compte avant tout », deux nouveautés s’ajoutent aux réjouissances : d’abord la série Es’CAPe Club, qui proposera du jazz dans une atmosphère détendue. Du «easy listening» qui pourrait s’ouvrir, à l’avenir, à la littérature et au cabaret. Ensuite, A CAPe’lla, un festival autour de la voix (du 29 au 31 janvier 2016) – « un genre sous-représenté au Luxembourg » – pour mettre à l’honneur ce qui reste « l’instrument le plus naturel de l’humanité ».
Le CAPe
Le Centre des Arts Pluriels Ed. Juncker a ouvert ses portes en septembre 2000. Si la pose de sa première pierre a eu lieu en mai 1996, l’idée même de sa construction remonte aux années 1980, et doit beaucoup à la volonté de M. Edouard Juncker, alors bourgmestre de la ville, et dont l’établissement porte aujourd’hui le nom. Outre les infrastructures de spectacle propres au centre culturel, l’imposante construction abrite également une partie des locaux du Conservatoire de Musique du Nord, né de la fusion des écoles de musique d’Ettelbruck et de Diekirch.