Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le grand week-end de la fête de la Musique, du 17 au 20 juin, marquera le début du deuxième rendez-vous estival sous le château d’eau de Dudelange, qui veut redonner au public le sourire… et une offre culturelle digne de ce nom.
À Opderschmelz, on est désormais des professionnels des changements de dernière minute. Quelques heures à peine avant la grande présentation du festival «Ënnert dem Waassertuerm», hier matin, son organisateur, John Rech, devait prendre en compte une dernière confirmation : celle de la trompettiste américaine Jaimie Branch. À n’en pas douter, d’autres noms vont peut-être continuer de bousculer le programme d’ici au début de la programmation. «Aujourd’hui, la programmation culturelle, j’appelle ça du Tetris!», lâche dans un rire le directeur d’Opderschmelz. «C’était le cas pour la fête de la Musique : il fallait faire attention à tellement de choses, les tournées d’artistes changent tout le temps, et en même temps, on devait remettre en œuvre un concept sanitaire qui tienne la route.»
La fête de la Musique, justement, inaugurera le festival qui se tiendra jusqu’au 8 août, en plein air, sous le château d’eau dudelangeois, pour un week-end de festivités qui marquera forcément les esprits, après le long «temps mort culturel» souligné par le bourgmestre Dan Biancalana, et dont les répercussions se font encore ressentir auprès des institutions culturelles et du public. Avec un «line up» qui fait évidemment la part belle aux artistes du Grand-Duché (TUYS, Zero Point Five, Nicool…), mais qui n’oublie pas non plus des invités internationaux pour une ouverture et une clôture explosives. Le 17 juin, c’est Cali qui s’y colle, l’auteur-compositeur-interprète français ayant retrouvé son public un an plus tôt, à cette même fête de la Musique de Dudelange, où il avait joué devant une cinquantaine de personnes… et depuis, de nouveau, le silence de la scène. Trois jours plus tard, le public pourra entonner le tube des années 1990 Lemon Tree en même temps que leurs auteurs, le groupe pop allemand Fools Garden, le jouent sur scène dans une «session électroacoustique» qui revisitera leurs plus grands succès.
«Le château d’eau est le symbole de la vitalité culturelle de Dudelange», a insisté Dan Biancalana. L’édifice est aux premières loges pour profiter des évènements culturels de la Forge du Sud, mais, pour la deuxième année consécutive, ceux-ci se dérouleront littéralement à ses pieds pendant deux mois. Un décor en phase avec les mesures sanitaires, mais aussi grâce auquel le festival «Ënnert dem Waassertuerm» espère «redonner le sourire au public après de longs mois qui ont été plutôt « dark »», précise John Rech. Et qui a une importance capitale dans le projet, profondément dudelangeois, porté par Opderschmelz. «On a la volonté de faire vivre tout le monde : la ville, les gens qui veulent venir chez nous, les partenaires de la maison comme le CNA, l’école de musique, l’harmonie municipale…. On veut amener un peu d’optimisme et faire plaisir.»
«C’était très difficile à mettre en place, mais on a tellement travaillé… On a le droit de dire qu’on est fiers?»
«Nous, on n’a jamais arrêté de travailler ici, poursuit le directeur de l’évènement. Quand Opderschmelz était fermé au public, on a accueilli des artistes en résidence, préparé des programmes pour l’avenir, organisé des concerts en streaming… Maintenant, à chaque fois qu’un artiste étranger arrive sur scène, il est heureux parce qu’il n’a pas joué depuis longtemps. Le Luxembourg était un îlot» pendant cette période d’arrêt généralisé de la culture en Europe, et à Dudelange, on entend bien profiter encore un peu de cette situation pour montrer que la ville a de la suite dans les idées en matière de politique culturelle. La preuve : la programmation estivale, qui verra notamment se dérouler, le 24 juillet, l’incontournable Zeltik, veut aussi représenter la capitale luxembourgeoise du jazz qu’est Dudelange, avec Jaimie Branch, donc, mais aussi d’autres pointures comme Kyle Eastwood (le 4 juillet), Reggie Washington (le 7 août), le Belmondo Quintet (le 6 août)… et s’enorgueillit même d’un hommage à Pink Floyd avec le spectacle-fleuve echoes.
Et comme si la musique ne suffisait pas, «Ënnert dem Waassertuerm» prévoit aussi du cinéma en plein air en juillet, ainsi que la retransmission sur écran géant des deux demi-finales et de la finale de l’Euro de football, pour finir de redonner le goût au public de profiter d’un moment euphorique, à la fraîche ou sous la chaleur, selon la météo. Et si les règles sanitaires changent favorablement pendant l’été, John Rech ne manque pas de préciser : «On est très flexibles.» «Avec des changements dès le 13 juin, il y aura déjà forcément un impact. Par contre, notre jauge, on ne la changera pas.» Gratuits pour certains, payants pour d’autres, tous les évènements de l’été sous le château d’eau demandent sans exception une réservation à l’avance, qui se fait en ligne. Et si tous risquent d’afficher complet, une évolution positive des mesures pourrait permettre de faire circuler plus de monde dans l’espace dédié, à savoir le parking du CNA. «C’était très difficile à mettre en place, mais on a tellement travaillé… On a le droit de dire qu’on est fiers?» Naturellement, et le public, lui, confirmera.
Valentin Maniglia
