Une sculpture du plasticien américain Jeff Koons a été vendue mercredi 91,1 millions de dollars lors d’enchères organisées par la maison Christie’s à New York, un record pour un artiste vivant.
Le Rabbit, qui représente un moulage en acier d’un lapin gonflable, a battu d’un souffle le tableau Portrait of an Artist (Pool with Two Figures) du peintre britannique David Hockney, qui avait atteint 90,3 millions de dollars mi-novembre, déjà chez Christie’s à New York.
La sculpture star de la vente de printemps de Christie’s a été adjugée 80 millions de dollars, soit le même prix au marteau que la toile de Hockney, mais a battu le record en ajoutant commission et frais, avec un prix final de 91,075 millions de dollars.
Fait rare pour une œuvre de ce prix, ce lapin, qui fait partie d’une série de trois effectuée par Jeff Koons en 1986, a été adjugé à une personne se trouvant dans la salle.
Interrogé, Christie’s n’a rien voulu dévoiler de l’identité de cet acheteur mystère, mais a indiqué que des collectionneurs du monde entier s’étaient positionnés sur l’œuvre au cours de la vente.
Le plasticien de 64 ans a ainsi récupéré le record qu’il détenait avant d’être brièvement détrôné par David Hockney.
Son Balloon Dog (Orange), vendu 58,4 millions de dollars en 2013, avait tenu cinq ans.
Le Rabbit est l’une des œuvres les plus connues de l’artiste qui a bousculé les conventions du monde des arts.
Haut de 104 cm, il est issu de la collection de S.I. Newhouse, ancien patron du groupe de presse Condé Nast (décédé en 2017), qui comprend les magazines Vanity Fair, Vogue et The New Yorker.
« L’anti-David »
Pour Alex Rotter, président de l’après-guerre et de l’art contemporain chez Christie’s à New York, Rabbit est « la pièce la plus importante de Jeff Koons », avait-il expliqué lors de la présentation des enchères.
« J’irais même plus loin, c’est la sculpture la plus importante de la seconde moitié du XXe siècle », avait-il ajouté. « C’est la fin de la sculpture. C’est l’anti-David, comme je l’appelle », disait-il, en référence au chef-d’œuvre de Michel-Ange (1501-1504).
Pour Alexander Rotter, « vous ne pouvez pas aller plus loin du David tout en restant figuratif et dans la sculpture traditionnelle ».
C’est un nouveau triomphe pour le plasticien controversé, qui a suscité des conversations sans fin, depuis son émergence durant les années 80, sur la valeur artistique et marchande d’une œuvre.
Commercial hors pair, il a régulièrement soulevé des controverses, notamment avec ses tableaux et sculpture dans lesquels il copulait avec l’ancienne star italienne du cinéma la Cicciolina, qu’il épousera en 1991 (divorce en 1994).
Il a néanmoins déjà trouvé sa place dans les musées. En 2014, le Whitney Museum de New York et le Centre Pompidou à Paris lui avaient consacré une grande rétrospective, qui avait voyagé des États-Unis vers la France.
« Vous pouvez penser de Koons ce que vous voulez, ceci était sa plus belle œuvre », a commenté, après la vente, Alexander Rotter.
La vente de mercredi chez Christie’s a été soutenue, avec un record à 88,8 millions de dollars pour le tableau Buffalo II (1964) du peintre américain Robert Rauschenberg (décédé en 2008), considéré comme l’un des précurseurs du pop art.
Autre temps fort, les 32 millions de dollars atteint par Spider, l’araignée géante (3m de haut, 7 de large) de Louise Bourgeois (décédée en 2010), un record pour l’artiste franco-américaine.
« Avant cette semaine, il y avait des questions sur la vitalité du marché de l’art », a expliqué le PDG de Christie’s, Guillaume Cerruti, après la vente. « Mais nous savions que notre offre était fantastique. »
Les grandes ventes de printemps se poursuivent jeudi avec une soirée dédiée à l’art contemporain chez Sotheby’s.
AFP