L’année 2014 a été riche pour le cinéma grand-ducal, c’est ce qu’a rappelé, hier, le Fonspa lors de la présentation de son rapport annuel.
Le 2 mars 2014 est une date qui a marqué à tout jamais le cinéma luxembourgeois. C’est ce soir-là, au Dolby Theatre de Los Angeles, que se tient la 86e cérémonie des Oscars. Si à l’international les cinéphiles ont retenu la victoire de Twelve Years a Slave de Steve McQueen, de Gravity d’Alfonso Cuaron ou encore de Dallas Buyers Club de Jean-Marc Vallée, au Grand-Duché, on n’avait d’yeux que pour Mr. Hublot (photo), le court métrage d’animation signé Laurent Witz et Alexandre Espigares qui offrit au pays le premier Oscar du court métrage d’animation de son histoire.
Un moment phare de cette année 2014 pour le cinéma luxembourgeois, comme le rappelle d’entrée le directeur du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle, Guy Daleiden, lors de la présentation du rapport annuel 2014. «Cela dénote le savoir-faire du Grand-Duché, explique-t-il, et la place importante qu’occupe désormais le Luxembourg sur la scène internationale.»
Mais résumer l’année cinématographique nationale à ce seul Academy Award serait extrêmement réducteur. Déjà parce que d’autres coproductions luxembourgeoises ont eu les honneurs des sélections internationales : Ernest et Célestine, de Vincent Patar, Stéphane Aubier et Benjamin Renner, était aussi nommé aux Oscars, Fieber, d’Elfi Mikesch, a été sélectionné à la Berlinale, Amour fou, de Jessica Hausner, à Cannes, Song of the Sea, de Tomm Moore, et Secrets of War, de Dennis Bots, à Toronto… Sans oublier les nominations, voire les victoires, aux César et aux Magritte. Rien que ça.
Et puis, d’un point de vue plus local, 59 projets ont bénéficié d’une aide financière sélective pour un montant de près de 40 millions d’euros. Quelque 59 heureux sur les 122 demandes de soutien reçues l’an dernier par le Film Fund. «Un chiffre en constante augmentation», notent les responsables (94 demandes avaient été présentées l’année précédente). L’augmentation s’explique en grande partie par la naissance, ces dernières années, de nombreuses maisons de production.
Une qualité en augmentation
Cette réalité est à double tranchant, car si le montant total des aides a augmenté de 4 millions d’euros sur un an, cette avalanche de projets portés par de nouveaux producteurs risque de faire que le gâteau financier ne suffira plus pour tout le monde. Ce qui peut avoir des conséquences quand on sait que le milieu fait vivre entre 600 et 700 professionnels. Mais Guy Daleiden l’assure, cela est positif : «Comme le gâteau reste le même et qu’il y a plus de demandes, à nous, au Fonds, de faire des choix toujours plus sélectifs et de soutenir des projets toujours plus créatifs et qualitatifs», lance-t-il. D’ailleurs, «on remarque que la qualité a augmenté avec cette concurrence, car les producteurs doivent toujours mieux développer leurs projets.»
Les spectateurs pourront juger cette qualité dès septembre, avec les sorties annoncées du Tout Nouveau Testament, de Jaco van Dormael, de La Volante, de Christophe Ali, d’Ooops! Noah Is Gone…, de Toby Genkel et Sean McCormack ou encore d’Eng Nei Zäit, de Christophe Wagner, le grand vainqueur du dernier Lëtzebuerger Filmpräis.
Au sujet du Filmpräis justement, la septième édition se déroulera le samedi 5 mars 2016 au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg. Avant cela, le Fonspa accueillera en octobre à Luxembourg la réunion annuelle des 45 fonds de soutien européens à la production audiovisuelle, et organisera, en décembre, un atelier international intitulé «Digital Cartoon». Entre les deux, en novembre, le Fonds fêtera son 25e anniversaire en organisant des assises du cinéma luxembourgeois, histoire de faire le point sur le milieu et poser les rails des 25 prochaines années.
Pablo Chimienti