Le Maroc a sorti mardi l’Espagne aux tirs au but pour s’offrir un quart de finale historique au Mondial-2022 et effacer la terrible désillusion de 1986 au même stade de la compétition.
L’équipe de Walid Regragui affrontera le vainqueur du match entre la Suisse et le Portugal, qui s’affrontent dans la soirée pour le denier billet dans le Top 8. Un match pour lequel le sélectionneur de la Seleçao Fernando Santos a fait un choix fort en laissant sur le banc l’une des deux grandes stars planétaires du football des quinze dernières années, Cristiano Ronaldo.
En sortant l’Espagne, le Maroc, enthousiasmant depuis le début du tournoi, évite une répétition des scénarios de 2018 ou 2006, quand les quarts de finale avaient tourné au duel Europe – Amérique du Sud. Ce succès apaisera les vieux démons chez les plus anciens supporters marocains: l’élimination en toute fin de match en 1986, sur un coup franc lointain de l’Allemand Lothar Matthäus.
« Les penalties, c’est un petit peu d’intuition, un petit peu de chance »
Cette fois, c’est Pablo Sarabia qui aurait pu endosser le rôle du bourreau mais sa reprise au second poteau dans les derniers instants a manqué le cadre d’un souffle, caressant le poteau du gardien Yassine Bounou, alias « Bono ». Lors de la séance des tirs au but, le gardien du Séville FC a arrêté les deux tentatives de Carlos Soler et Sergio Busquets, alors que Sarabia, premier tireur, avait touché le poteau.
« Les penalties, c’est un petit peu d’intuition, un petit peu de chance », a expliqué le gardien après le match, rendant hommage à ses coéquipiers qui ont « fait le job » pendant 120 minutes.
Pelé va mieux
Avec les Lions de l’Atlas en quarts, il y aura quatre champions du monde (Brésil, France, Angleterre et Argentine), et deux vice-champions (Pays-Bas et Croatie).
Avec des affiches alléchantes comme Argentine-Pays Bas ou encore France-Angleterre, un duel qui n’a été joué en Coupe du monde qu’en 1966 et 1982, pour autant de victoires des Three Lions. Face aux Croates, les Brésiliens partiront encore ultra-favoris.
Lors d’une journée de détente au lendemain de leur qualification facile contre la Corée du Sud (4-1), ils ont reçu des nouvelles rassurantes de Pelé, qui lutte contre un cancer du côlon et dont l’état de santé « s’améliore progressivement », selon son hôpital. L’autre match du jour, Portugal-Suisse (20h), s’annonce indécis.
« Être en position d’écrire l’histoire n’est pas ce qui compte pour nous »
Convaincante depuis le début du Mondial, sortie d’un groupe relevé, très organisée et disposant d’individualités capables de moments de brillance comme Breel Embolo ou Xherdan Shaqiri, la Suisse dispute son quatrième 1/8 de finale en cinq éditions…
En 2006, 2014 et 2018, elle a échoué à retrouver des quarts visités une seule fois, en 1954, dans un Mondial qu’elle avait accueilli, et auquel ne participaient que seize équipes.
« Être en position d’écrire l’histoire n’est pas ce qui compte pour nous. Nous connaissons nos adversaires et nous avons montré que nous pouvons les battre. Ensuite, on pourra peut-être parler d’histoire », a déclaré le sélectionneur Murat Yakin dont l’équipe avait battu le Portugal 1 à 0 en Ligue des nations en juin après avoir subi une déroute à Lisbonne (4-0).
Ronaldo, un piédestal branlant
L’histoire, Cristiano Ronaldo entend l’écrire, encore et toujours. S’il entre en jeu, se qualifie puis joue en quarts, ce collectionneur compulsif de records pourra en ajouter un à sa longue liste, en devenant le joueur le plus sélectionné dans l’histoire du football, ex æquo avec le Koweitien Bader al-Mutawa (196).
Mais l’enjeu pour le quintuple Ballon d’or, champion d’Europe 2016, est désormais de réussir ou non sa sortie avec le Portugal après le fiasco de son deuxième séjour à Manchester United. En attendant, peut-être, de céder aux lucratives sirènes d’al-Nassr avec qui, selon des responsables du club saoudien, il a entamé des négociations.
S’il est devenu le seul joueur à marquer lors de cinq Coupes du monde, ses performances accréditent la thèse selon laquelle a commencé son inexorable crépuscule. Le voir reléguer au statut de remplaçant était inimaginable il y a quelques jours seulement. En prenant cette décision forte, Fernando Santos sait qu’il prend un risque. Une élimination lancerait à coup sûr les polémiques.