Film sur Elvis, documentaires sur Jerry Lee Lewis ou David Bowie, biopic sur un producteur phare du disco: le Festival de Cannes sort les enceintes sur la Croisette pour sa 75e édition.
« Love me tender »
C’est l’un des évènements de Cannes. « Elvis », film sur l’ascension du « King » réalisé par Baz Luhrmann (« Moulin Rouge »), sera présenté en première mondiale, hors compétition.
C’est à l’Américain Austin Butler, acteur, chanteur et mannequin, que revient la lourde tâche d’incarner la légende du rock. Priscilla Presley, la veuve de l’interprète de « Heartbreak hotel », n’a dit que du bien du biopic sur ses réseaux sociaux. Bon ou mauvais signe ?
Un atout, en tout cas, c’est la présence de Tom Hanks qui incarne le Colonel Parker, manager d’Elvis au parcours opaque. Dans la famille Presley, la petite fille, Riley Keough, co-réalise « War pony » présenté à Un Certain regard.
Dans une scène de « Great balls of fire ! » réalisé par Jim McBride (1989), le pianiste du rock’n’roll Jerry Lee Lewis, célèbre pour mettre le feu à son instrument au sens propre, croisait Elvis, amer de lui laisser sa couronne en tête des charts durant son service militaire. Cette fois, c’est à Ethan Coen (co-réalisateur avec son frère Joel de « Fargo ») de s’attaquer au mythe dans un documentaire (« Jerry Lee Lewis: Trouble in mind »).
En compétition, « La femme de Tchaïkovski », de l’enfant terrible du cinéma russe Kirill Serebrennikov, est centré autour de la femme du compositeur. Oxxxymiron, rappeur russe opposé à l’invasion en Ukraine, y joue le rôle d’un autre compositeur illustre, Nikolaï Rubinstein.
« Heroes »
« Moonage Daydream » est un autre documentaire très attendu qui revisite le monument David Bowie. Ce film a nécessité cinq ans de travail, avec « le soutien et la complicité de la famille et des collaborateurs » du créateur de « Space oddity », selon la production. Aux manettes : l’Américain Brett Morgen, bien connu des fans de rock puisqu’il a déjà signé « Kurt Cobain: Montage of Heck » sur le leader disparu de Nirvana. La pression pèse sur ses épaules entre les fans intransigeants et les comparaisons qui fleuriront avec le travail de Peter Jackson sur les Beatles.
Le rayon documentaire permet à Diam’s, dont personne n’a pris la place centrale qu’elle occupait dans le rap français au début des années 2000, de faire son grand retour médiatique après 10 ans de silence. L’artiste est co-réalisatrice de ce « Salam », présenté en avant-première. On y promet des confessions sur « la gloire, la psychiatrie, la quête de sens et sa conversion à l’islam ».
Dans les séances les pieds dans le sable du « Cinéma de la plage » en soirée, il y aura « Christophe… définitivement », documentaire sur le « Beau Bizarre », figure de la pop française disparue en 2020.
« I feel love »
Ambiance disco au marché du film, avec la B.O. riche en Donna Summer (« I feel love ») et Village People (« In the navy ») de « Spinning Gold ». Ce biopic suit les traces de Neil Bogart, passé d’une enfance misérable à la création de la maison de disques Casablanca Records qui popularisa ces artistes. C’est signé Timothy Scott Bogart, fils du producteur en question.
Au « Cinéma de la plage », citons encore « This is Spinal Tap », comédie culte des années 1980 de Rob Reiner (« Stand by me », « Quand Harry rencontre Sally ») qui se joue des clichés du monde du heavy-metal. Malheur aux batteurs, diront ceux qui l’ont déjà vu.
Dans un registre plus pointu, on citera aussi « Hideous », court-métrage à la Semaine de la critique, dont le héros est Oliver Sim, du groupe électro The XX. C’est réalisé par le Français Yann Gonzalez, dont le frère Anthony est connu dans la scène électro sous le nom de M83.
En séance de minuit, on signalera aussi le déjanté « Fumer fait tousser » du Français Quentin Dupieux, qui s’est fait un nom dans la scène internationale électro avec son sobriquet « Mr. Oizo ».