Le président de la BCE Mario Draghi s’est montré vendredi très prudent concernant l’économie en zone euro, dont les perspectives ne portent pas selon lui à l’optimisme, nourrissant les attentes d’un nouvel assouplissement à venir de la politique monétaire ultra-accommodante.
«Nous avons toutes les raisons d’être plus confiants dans la force de la reprise qu’il y a un an», a déclaré l’Italien lors d’un congrès bancaire à Francfort (ouest). «Mais nous ne pouvons pas être optimistes sur les perspectives économiques», a-t-il aussitôt tempéré, pointant, au delà des «risques géopolitiques», trois grands sujets d’inquiétude: la faible rentabilité des banques européennes, une inflation en berne, et la trop grande dépendance de l’économie aux mesures de soutien de la Banque centrale européenne (BCE).
L’inflation a atteint 0,5% sur un an en octobre, un plus haut depuis 27 mois, mais reste très éloigné de l’objectif d’un peu mois de 2% à moyen terme prôné par la BCE. «La relance reste hautement tributaire d’une constellation de conditions financières qui, de leur côté, dépendent d’un soutien monétaire continu», a-t-il souligné, réitérant la volonté de la BCE de «continuer à agir, si besoin, en utilisant tous les outils disponibles dans le cadre de son mandat» pour ramener le plus rapidement possible l’inflation dans le droit chemin.
Il a aussi de nouveau appelé les gouvernements à apporter leur contribution via des réformes structurelles et des investissements pour la croissance. Ces propos très prudents sont propres à nourrir les attentes d’un nouvel assouplissement monétaire lors de la dernière réunion de la BCE de l’année qui se tiendra le 8 décembre. De nombreux économistes tablent sur une extension du programme massif de rachat de dettes au-delà de mars 2017.
Il s’agit de l’un de ses outils exceptionnels de la BCE pour soutenir la conjoncture et les prix. Elle a aussi ramené ses taux directeurs à des niveaux historiquement bas et abreuve les banques de liquidités très bon marché dans l’espoir de relancer le crédit, et par ricochet la croissance.
Cette politique est très critiquée en particulier en Allemagne, notamment du côté des banques, car les taux très bas, voire négatifs, rognent leur rentabilité. Le patron de la Deutsche Bank, John Cryan, n’en a pas moins complimenté Mario Draghi, jugeant au cours du même congrès qu’il était «plus ou moins la seule personne à faire quelque chose en Europe».
Le Quotidien/afp