Si l’horizon de Volkswagen s’éclaircit aux États-Unis, le géant allemand de l’automobile demeure sous forte pression à cause du dieselgate alors que de nombreuses plaintes subsistent et que la direction de l’époque est plus que jamais dans le viseur des enquêteurs.
Mardi, en plein salon automobile de Detroit, le colosse aux douze marques de voitures, camions et moto comprenant Audi, Skoda et Porsche, a annoncé des discussions avancées avec les autorités américaines pour refermer l’affaire des moteurs truqués aux États-Unis. Cet accord préliminaire, qui doit recevoir entre autres le feu vert du conseil de surveillance de VW, mettrait un terme aux poursuites pénales américaines contre le constructeur, disposé à plaider coupable.
Volkswagen accepterait de débourser 4,3 milliards de dollars en plus des 17,5 milliards déjà consentis pour satisfaire autorités, clients et concessionnaires mécontents dans le pays. Une bonne nouvelle, tant le créateur de la Coccinelle a besoin de mettre dernière lui les répercussions gigantesques de sa tricherie sur 11 millions de véhicules diesel dans le monde, dont 600 000 aux États-Unis, manipulation destinée à en minimiser le niveau réel d’émissions polluantes et révélée fin 2015.
Le scandale du diesel a non seulement terni son image mais également valu au groupe sa première perte annuelle en plus de 20 ans, et l’a contraint à mettre de côté environ 18 milliards d’euros pour répondre de ses agissements. Une somme désormais insuffisante. Les investisseurs ont réagi avec soulagement mercredi. A la Bourse de Francfort, vers 13h00, l’action Volkswagen grimpait de 3,63% à 151,35 euros.
« L’impact financier est important mais il s’agit d’une bonne solution », juge Ferdinand Dudenhöffer, directeur de l’institut de recherche sur l’automobile CAR. « Volkswagen fait un autre pas important pour solder l’affaire du diesel aux États-Unis », salue également Michael Punzet, analyste de DZ Bank. Le groupe de Wolfsburg (nord) a reconnu qu’il allait devoir passer de nouvelles provisions et prévoit un impact encore indéterminé sur ses comptes en 2016.
Investisseurs renforcés
« Ce n’est pas la fin, d’autres coûts devraient encore surgir, en Europe mais également aux États-Unis où des plaintes sont encore en suspens », relève Frank Schwope, analyste de Nord/LB. Michael Punzet table sur des provisions supplémentaires de 500 millions d’euros au seul quatrième trimestre et de 10,5 milliards d’euros pour l’exercice 2017. Soit pas loin de 30 milliards d’euros de facture totale pour VW, une estimation cohérente avec celle de Frank Schwope (de 25 à 35 milliards d’euros).
Pas de quoi mettre à terre le mastodonte mais ce dernier s’en passerait bien à l’heure où il veut se réinventer en mettant le cap sur l’électrique et la voiture autonome, des technologies qui exigent d’énormes investissements. Et l’aveu de culpabilité de Volkswagen outre-Atlantique pourrait lui porter préjudice ailleurs, notamment en Europe où des investigations sont en cours et les plaintes nombreuses.
Cela ne changera pas nécessairement la donne pour les clients européens. Volkswagen leur propose une mise aux normes de leurs véhicules mais pas de dédommagement financier au motif d’une législation moins contraignante qu’aux États-Unis. « Le plus grand problème pour Volkswagen à l’avenir, ce sont les plaintes émanant des investisseurs », relève Martin Dudenhöffer. Rien qu’en Allemagne, des détenteurs de titres Volkswagen ayant essuyé des pertes dans le sillage du dieselgate réclament plus de 8 milliards d’euros en reprochant au constructeur d’avoir trop tardé à communiquer sur le trucage des véhicules.
Or l’inculpation lundi par les autorités américaines d’un des cadres dirigeants de VW, Oliver Schmidt, apporte de l’eau à leur moulin. L’ancienne direction de Volkswagen autour du patron Martin Winterkorn est dans la ligne de mire des enquêteurs américains, qui affirment que les dirigeants de l’époque avaient été informés de la supercherie dès juillet 2015 mais avaient choisi de garder le silence. Martin Winterkorn avait tiré sa révérence à l’automne 2015 en assurant n’avoir rien su et été remplacé par l’ancien patron de Porsche Matthias Müller. Il est sous le coup d’investigations en Allemagne pour manipulation de cours, à l’instar de l’ancien directeur financier Hans Dieter Pötsch, devenu président du conseil de surveillance, et de l’actuel chef de la marque Volkswagen, Herbert Diess.
Le Quotidien/afp