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Coup de froid entre Paris et Moscou : Poutine annule sa visite en France


Vladimir Poutine et François Hollande. (photo AFP)

Les tensions diplomatiques entre Paris et Moscou liées à la guerre en Syrie ont culminé mardi avec l’annulation par Vladimir Poutine d’une visite prévue de longue date à Paris, en raison des conditions posées par la France.

Après plusieurs jours d’hésitations, l’Elysée a « fait savoir qu’une réunion de travail avec le président russe était possible sur la Syrie, à l’exclusion de tout autre événement pour le président de la République ».

Vladimir Poutine « a décidé d’annuler » son déplacement, à l’origine lié à l’inauguration d’une grande cathédrale orthodoxe, mais il reste « disposé à visiter Paris lorsque le président Hollande se sentira à l’aise » pour le voir, a déclaré à Moscou le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Au même moment, le président français disait être « prêt à tout moment à le rencontrer » pour faire avancer la paix en marge d’une réunion du Conseil de l’Europe.

« Avec la Russie, le dialogue est nécessaire mais il doit être ferme et franc », a ajouté le président français devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, tout en soulignant que Paris et Moscou ont « un désaccord majeur » sur la Syrie.

Ce désaccord s’est matérialisé quand la Russie a opposé son veto samedi soir aux Nations unies à une résolution française appelant à la cessation des bombardements sur Alep, et présenté un texte différent.

La résolution défendue par la France appelait à la fin des raids du régime syrien et de son allié russe dans la deuxième ville de Syrie. La contre proposition russe réclamait la cessation des hostilités, mais sans évoquer ces bombardements, qui ont fait des centaines de morts depuis le début de l’offensive contre Alep le 22 septembre.

« Des vérités »

Peu avant, le président français confiait à une télévision française qu’il se « posait la question » de recevoir son homologue russe, en raison des « crimes de guerre » commis par le régime de Bachar al-Assad à Alep avec le soutien de l’aviation russe.

« Est-ce que c’est utile ? Est-ce que c’est nécessaire ? », s’est interrogé le président français dans cet entretien réalisé samedi et rendu public dimanche.

Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a quant à lui prévenu lundi que M. Hollande dirait des « vérités » à son homologue russe s’il se décidait à le recevoir le 19 octobre.

« Si le président de la République décide que le président russe vient, ça ne sera pas pour des mondanités, ce sera pour dire des vérité », a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Le Kremlin a finalement refusé la proposition de Paris d’une réunion de travail et la visite de M. Poutine a été annulée. Lundi matin, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov cité par l’Agence Tass assurait encore que les préparatifs se poursuivaient. Côté russe, les « états d’âme » du président français ont paru déplacés alors que « quand il y a des tensions diplomatiques il faut parler, c’est le moment où jamais », selon une source diplomatique russe.

Vladimir Poutine n’exclut en revanche pas de se rendre à Berlin le 19 octobre au soir pour une réunion consacrée à la crise ukrainienne, comme l’a dit lundi soir un de ses aides, Iouri Ouchakov cité par l’Agence Tass depuis Istanbul, en marge d’une visite d’Etat.

C’est la chancelière allemande Angela Merkel qui a proposé ce rendez-vous au format dit « Normandie » – rassemblant l’Allemagne, la France, la Russie et l’Ukraine – selon une source diplomatique russe. A ce stade, il n’était cependant pas sûr le que le président ukrainien y participe, selon la même source. Les récentes tensions entre Paris et Moscou risquent aussi de compliquer les choses.

Prévue de longue date, la visite à Paris de M. Poutine devait lui permettre d’inaugurer un prestigieux « centre spirituel et culturel orthodoxe russe », qui abrite notamment une cathédrale orthodoxe, au coeur de Paris. Le président Hollande devait également inaugurer avec lui une exposition organisée par la Fondation Vuitton sur la collection du mécène russe Sergueï Chtouchkine nationalisée après la révolution de 1917, selon des sources diplomatiques concordantes.

Le Quotidien / AFP