Le maire de Béziers Robert Ménard (extrême droite) a lancé lundi dans sa ville une campagne d’affichage en faveur du TGV, dont le caractère déplacé et violent à l’égard des femmes a suscité une vive polémique en France.
L’ancienne ministre des Droits des Femmes Laurence Rossignol (PS) et les Jeunes Insoumis ont porté plainte. « L’indignation est indispensable mais il faut aussi agir: j’ai déposé plainte auprès du Procureur de Béziers pour demander le retrait des affiches ainsi que des poursuites contre les auteurs. #Béziers #Ménard #violencesfaitesaux femmes », a tweeté l’ancienne ministre.
L’indignation est indispensable mais il faut aussi agir: j’ai déposé plainte auprès du Procureur de Béziers pour demander le retrait des affiches ainsi que des poursuites contre les auteurs. #Bezier #Ménard #violencesfaitesauxfemmes
— laurence rossignol (@laurossignol) 11 décembre 2017
Les Jeunes Insoumis ont annoncé sur Twitter avoir eux aussi porté plainte contre une de ces affiches « pour apologie des violences faites aux femmes et du féminicide ».
La secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes, Marlene Schiappa, a demandé pour sa part au préfet de l’Hérault d’étudier tous les recours possibles. « Campagne une fois de plus odieuse, de surcroît venant d’un élu de la République. J’ai saisi ce matin le préfet afin que tous les recours possibles soient étudiés et activés. Merci pour vos signalements. #NeRienLaisserPasser », a tweeté Marlene Schiappa.
Campagne une fois de plus odieuse, de surcroît venant d’un élu de la République.
J’ai saisi ce matin le Préfet afin que tous les recours possibles soient étudiés et activés.
Merci pour vos signalements. #NeRienLaisserPasser https://t.co/YRzhrmxAWm— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 11 décembre 2017
L’une de ces affiches montre une femme ligotée sur des rails, hurlant à l’approche d’une locomotive à vapeur en arrière plan, assortie du commentaire en lettres capitales : « Avec le TGV, elle aurait moins souffert ! ».
« Elle s’appelait Émilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l’a assassinée en l’attachant sur les rails du TGV. L’ignoble Robert Ménard la tue une 2e fois. Je demande retrait immédiat + poursuites », avait tweeté dans la matinée Laurence Rossignol. La responsable politique faisait référence à un fait-divers survenu en juin 2017 en Eure-et-Loir : une femme ligotée sur la ligne LGV Atlantique avait été tuée au passage d’un TGV alors que son époux, soupçonné de l’avoir attachée, s’était suicidé.
Coutumier des provocations
« Le maire de Béziers a, une nouvelle fois, lancé une campagne d’affichage marquée au sceau de la vulgarité. Il se sert du corps de la femme pour faire passer des messages populistes et la met en scène en victime de violences », a dénoncé dans un communiqué le préfet de l’Hérault, Pierre Pouëssel. « Alors qu’une femme sur trois est victime de violences au cours de sa vie, M. Ménard ne mesure toujours pas la souffrance physique et psychologique qu’engendrent ces atteintes à leur intégrité, pas plus que la mobilisation contre ces violences faites aux femmes qui est une priorité du gouvernement », a écrit le représentant de l’État.
Cette affiche est « de très mauvais goût », a estimé une source proche du Front national, qui avait soutenu Robert Ménard aux municipales de 2014. « C’est du Ménard : je fais n’importe quoi pour faire parler de moi », a ajouté cette source. L’intéressé a riposté en dénonçant sur Twitter des réactions « outrées et paranoïaques », qui « en disent long sur l’ordre moral qui plombe le pays ». « Les mêmes auraient brûlé #Johnny en 1960, #charliehebdo en 1970 ou #Gainsbourg en 1980. Inquiétant… », a-t-il écrit, affirmant que l’affiche « fait référence à l’univers du western ».
D’autres affiches sur le même thème ont été placardées dans la ville, dont l’une avec le slogan : « Alors t’accouches ! ». On y voit un obstétricien qui tient dans ses mains une motrice de TGV avec en premier plan les jambes écartées d’une femme qui accouche. En septembre, Robert Ménard avait déjà suscité la polémique avec une affiche utilisant la rhétorique des violences conjugales sur laquelle on pouvait lire : « L’État étrangle nos communes ».
Le Quotidien/AFP