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Violences conjugales : l’ex-compagne d’un homme battu jugée


Les associations de lutte contre les violences conjugales comptabilisent quelque 7 000 plaintes d'hommes battus chaque année. (Photo illustration AFP)

Le tribunal correctionnel de Paris se prononcera jeudi sur le cas d’une femme qui a battu son ex-compagnon pendant de longs mois, et risque cinq ans de prison pour ces violences.

Maxime Gaget, 37 ans, avait rencontré Zakia Medkour, 43 ans, en 2007 sur internet et avait emménagé sept mois plus tard dans le studio parisien où elle vivait avec ses deux enfants. Mais la romance a vite tourné au cauchemar.

Souvent absent de son travail, il est licencié. Il devient alors une sorte « d’esclave domestique » obligé à dormir sur le sol dans l’entrée, sans accès à la salle de bain. Privé de ses papiers et cartes de crédit, il est également dépouillé de ses économies et menacé d’être dénoncé comme pédophile s’il se rebelle. Il subit aussi des sévices physiques – brûlures avec des cigarettes ou un couteau chauffé à blanc, ingestion de force d’éponges ou de produit lave-vitres – qui auraient pu selon l’accusation s’apparenter à des tortures et valoir les assises à son ex-compagne.

La procureure avait d’ailleurs réclamé le maximum de la peine encourue, assortie d’un mandat de dépôt (incarcération), jugeant que « les actes reprochés à Mme Medkour vont au-delà de la violence ». « Il ne s’agit pas d’un dossier de violence conjugale comme les autres », avait-elle souligné, en évoquant une « inversion des rôles » avec une « femme bourreau et un homme victime ».

« Je ne suis pas sans cœur »

Les associations de lutte contre les violences conjugales comptabilisent quelque 7 000 plaintes d’hommes battus chaque année et l’on estime qu’un homme meurt tous les treize jours sous les coups de sa compagne. En comparaison, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon.

Zakia Medkour avait reconnu les violences lors de l’audience en avril et « demandé pardon » à Maxime Gaget. « Je ne suis pas sans cœur », avait-elle sangloté. Ses avocats Houria Si Ali et Samuel Aitkaki ont plaidé le parcours chaotique de leur cliente : le père de Zakia Medkour s’est suicidé lorsqu’elle était enfant, elle a grandi dans des institutions de 14 à 18 ans, a été mise enceinte par un homme qui l’a abandonnée avant de sombrer dans une dépendance à l’alcool.

Selon eux, Zakia Medkour serait « bipolaire » et n’était pas dans son état normal à l’époque des faits. Ils ont réclamé une peine en partie assortie du sursis. Aucun des experts psychiatres n’a cependant étayé cette thèse, jugeant la prévenue responsable de ses actes.

Maxime Gaget avait de son côté expliqué avoir été sous « l’emprise totale » de son ex-compagne. « Au début, il y avait les sentiments, puis la peur et la honte. C’est dur pour un homme d’admettre se faire battre par une femme. Je restais aussi pour protéger les enfants. » Un psychiatre a proposé une autre lecture, évoquant son enfance marquée par les brimades de camarades, « une personnalité immature, mal structurée dans son identité, ayant le sentiment d’exister à travers la maltraitance subie ».

Le Quotidien/AFP

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