La réception de la Bosnie de Pjanic, vendredi soir, devrait permettre de lancer la carrière internationale de Vincent Thill.
Vincent Thill, 16 ans et 1 mois, pourrait faire, vendredi soir, ses grands débuts avec les Roud Léiwen contre la Bosnie d’un certain Miralem Pjanic, qui fut, il y moins de dix ans,
l’espoir déçu de tout le foot luxembourgeois, et à qui Thill est souvent comparé.
La Bosnie n’a pas réussi à se qualifier pour l’Euro français. Raison de plus pour s’en méfier : elle reconstruit dur pour être sûre de ne pas manquer le Mondial russe. Les prévisions catastrophistes de Guy Hellers, il y a bientôt dix ans maintenant, résonnent encore dans bien des têtes : «Si on perd Miralem Pjanic, qu’il choisit la Bosnie, le football luxembourgeois va perdre dix ans.» Pjanic a choisi et s’est posé la même question que l’homme qui l’a révélé au CFN de Mondercange, sans parvenir à trouver la réponse : «Je ne sais pas du tout à quel niveau serait le Grand-Duché si j’étais resté.»
Pourtant, c’est limpide : bien plus loin, bien plus haut, bien plus fort. Non seulement le cas Miralem Pjanic est un regret éternel pour tous les amoureux du football grand-ducal mais il a en plus ouvert une brèche dans le mode de fonctionnement de la fédération, qui se retrouve aujourd’hui confrontée à l’infini à cet épineux problème d’avoir à former des jeunes qui ne sont pas encore officiellement luxembourgeois et rêvent ouvertement d’aller jouer pour d’autres nations, c’est-à-dire celles de leurs parents. Puisque Pjanic l’a fait, pourquoi pas moi?
On aurait du mal à imputer au meneur de jeu de la Roma les fantasmes de tous les petits footballeurs qui rêvent de marcher sur ses traces de star mondiale mais voilà, entretemps, le Grand-Duché s’est trouvé une nouvelle raison d’y croire et elle s’appelle Vincent Thill, Luxembourgeois exclusif, que tous les formateurs de la FLF et du FC Metz vendent depuis quatre ans comme «le nouveau Pjanic».
À 16 ans et un mois, ce petit gars au pied gauche magique, pisté par tous les plus grands clubs européens au même titre que «Mire», débarque enfin sur le devant de la scène et elle est internationale. Titulaire ou remplaçant, cela n’a aucune importance : ce soir, les Roud Léiwen vont entrer dans ce qui doit être l’ère Vincent Thill. Lourde, très lourde responsabilité pour un gamin frêle mais aux dons surréalistes qui nous donne envie de croire qu’il peut nous faire oublier Pjanic et le vide qu’il a laissé, ou plutôt non, plus prosaïquement, la place qu’il a laissée vacante.
«Le plus vite il y sera confronté…»
Il y a de ces hasards merveilleux, en football, qu’on ne s’explique pas. La grande première de Vincent Thill, donc, pourrait avoir lieu précisément contre celui que tout le monde a regretté si amèrement ces dernières années. Une façon de boucler la boucle, de tout effacer en se disant qu’il fallait peut-être patienter tout ce temps pour enfin découvrir une pépite qui soit bel et bien luxembourgeoise et qui ne puisse pas être tentée d’aller voir ailleurs.
À bien écouter Luc Holtz, ce garçon est de la trempe de ceux qui peuvent révolutionner une équipe. Hier, en conférence de presse, le sélectionneur n’a pas dit si le meneur de jeu messin débuterait cette rencontre ou s’il prendrait le temps d’apprivoiser l’événement (qui est un peu le sien puisque tout le monde ne parle presque que de lui), depuis le banc. Mais il a précisé ceci : «À mon avis, le plus vite il sera confronté à des adultes, le plus vite il progressera.» On aurait aimé en savoir plus. Si, par exemple, c’est déjà lui qui aura les clefs des coups francs offensifs (son immense spécialité) s’il se trouve sur le terrain. S’il avait toute latitude pour faire le jeu comme il l’entend.
S’il y a déjà des consignes pour faire converger le jeu dans ses pieds… On sait, c’est tôt. Attendre monts et merveilles d’un adolescent, si talentueux soit-il est indécent au regard des capacités sidérantes de cette sélection qui s’est aussi parfaitement construite sans lui et a glané bien des points en campagne sans avoir besoin d’une star. Mais on a du mal à s’en empêcher. Les attentes sont à la hauteur de l’attente. Il y a tellement de temps perdu à rattraper…
Julien Mollereau
Il faudrait seulement faire gaffe qu’il ne se blesse pas lors de ces deux match amicaux, parce que les équipes des balcans ne sont pas tendres quand il s’agit de récuperer le ballon. Allez les Roud Léiwen ce soir!