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Vincent Lambert : les médecins refusent de se prononcer sur l’arrêt des soins


Viviane et Pierre Lambert, les parents de Vincent Lambert, le 23 juillet à Reims. Ils réclament le maintien en vie de leur fils. (photo AP)

Les médecins de Vincent Lambert, un tétraplégique français en état végétatif, ont refusé ce jeudi de statuer sur sa fin de vie, en raison d’un manque de « sérénité et de sécurité » autour de leur patient, dont la famille se déchire.

Cet ancien infirmier psychiatrique de 38 ans souffre de lésions irréversibles au cerveau depuis un accident de la route survenu en 2008. Il est maintenu en vie par une alimentation et une hydratation artificielle. En juin, après un marathon judiciaire de deux ans sur fond de vives querelles familiales, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) avait donné son feu vert à un arrêt des soins et un accompagnement vers la mort.

L’hôpital de Reims, où il est soigné, avait enclenché il y a huit jours une procédure collégiale pour statuer sur son sort. Sa famille était convoquée jeudi pour entendre sa décision.

Mais « le médecin en charge de Vincent Lambert a décidé de suspendre la procédure collégiale placée sous sa responsabilité », a indiqué l’hôpital dans un communiqué. « Les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite de cette procédure, tant pour Vincent Lambert que pour l’équipe soignante, ne sont pas réunies », a-t-il ajouté. Peu après, la ministre de la Santé Marisol Touraine a apporté « tout son soutien à l’équipe soignante ».

La famille de Vincent Lambert est divisée en deux camps aux vues irréconciliables. Son épouse Rachel et la plupart de ses frères et soeurs souhaitent le « laisser partir ». Pour eux, Vincent Lambert était opposé à tout acharnement thérapeutique et n’aurait jamais voulu être maintenu artificiellement en vie. Des propos corroborés par des camarades de promotion, qui ont remis fin juin à l’hôpital de Reims 13 témoignages en ce sens.

Le soutien des évêques

Mais ses parents, des catholiques proches des milieux intégristes, martèlent qu’il n’est « pas en fin de vie » et multiplient les recours en justice pour empêcher un arrêt des traitements. Récemment, ils ont déposé plainte pour « tentative d’assassinat et séquestration » contre l’hôpital de Reims et les médecins qui s’occupent ou se sont occupés de Vincent.

A leurs côtés, des activistes ont mené des opérations médiatiques, notamment la publication d’une vidéo de Vincent Lambert sur son lit d’hôpital, censée montrer des progrès. L’autorité qui supervise l’audiovisuel en France avait émis des critiques envers les médias qui avaient repris ces images, jugées irrespectueuses de son intégrité.

Mardi, des évêques, dont le cardinal Philippe Barbarin, leur avait apporté un soutien, estimant que le « terme de la vie n’appartient à personne ». Et jeudi, une trentaine de personnes, dont une jeune femme qui priait en égrenant un chapelet, se sont rassemblées non loin de l’hôpital de Reims vêtus de tee-shirts à l’effigie de Vincent, sur lesquels était écrit: « Il se tait on le tue, ne nous taisons pas ».

Dans ce contexte, les médecins ont eu vent de projets d’enlèvements, a assuré François Lambert, un neveu de Vincent favorable à l’arrêt des soins. Selon lui, ils ont souhaité saisir le procureur de la République « pour mettre Vincent sous protection globale et déterminer un référent qui pourrait le représenter légalement ».

En France, l’euthanasie n’est pas légale mais une loi de 2005 permet de mettre un terme selon un cadre précis à l’acharnement thérapeutique. Cette loi est en cours de révision. Les députés ont adopté en mars la possibilité de recourir à « une sédation profonde et continue jusqu’à la mort » pour certains malades incurables qui en feraient la demande. Mais la disposition vient d’être rejetée par le Sénat, contrôlé par l’opposition de droite.

L’euthanasie n’est officiellement légale en Europe que dans trois pays (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg), mais d’autres autorisent ou tolèrent une forme d’aide à la mort, notamment la Suisse, qui a légalisé le suicide assisté.

 

AFP