Le père de l’homme filmé empalé sur un poteau de trottoir a dénoncé une « atteinte caractérisée à la dignité de la victime » et un voyeurisme « abject », après la diffusion de vidéos devenues virales relatant son agonie, selon un communiqué.
« La diffusion de ces images, particulièrement violentes et choquantes, constitue une atteinte caractérisée à la dignité de la victime, depuis décédée », déclare Me Tewfik Bouzenoune, l’avocat du père de cet homme.
Le procureur de la République de Nanterre et l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été saisies après la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos montrant cet homme empalé sur un poteau de trottoir, au moment de sa chute d’un immeuble et durant sa réanimation à l’hôpital.
« Il est aujourd’hui souhaitable que les responsabilités pénales de ceux qui ont fabriqué, transporté et diffusé ces images violentes (au sein de la préfecture de police comme au sein de l’hôpital ou sur les réseaux sociaux) soient établies », poursuit l’avocat. L’AP-HP a confirmé qu’une vidéo a été tournée dans un de ses hôpitaux où le patient a été amené par les pompiers. L’auteur de cette vidéo s’exclame en gloussant : « Oh misère ! Oh la vache ! Oh putain ! Ah ! Mais quelle horreur ! Quelle horreur », avant d’ajouter en ricanant : « C’est bon, il est sauvé, du coup ! »
Respecter « la dignité de la victime »
L’enquête interne qui visait à « lever les doutes sur une éventuelle implication de (ses) agents » est à présent « finalisée », a indiqué le groupe hospitalier jeudi, ajoutant que « les témoignages des personnels présents ont été recueillis et transmis aux autorités ». De son côté, la préfecture de police a indiqué que « l’IGPN a été saisie sur les images de vidéosurveillance » montrant la chute de la victime et diffusées sur les réseaux sociaux.
Le parquet de Paris a confié le 3 octobre à l’IGPN une enquête pour « violation du secret professionnel ». La vidéo montre un écran d’ordinateur filmé avec un téléphone portable où l’on voit un corps tomber brutalement, puis rester figé en position assise au bord du trottoir d’une rue parisienne. Des voix commentent la scène : « Il s’est pris le poteau ? », demande une première voix masculine. « Ouais, il est empalé sur le poteau », lui répond un deuxième homme.
L’avocat du père de la victime appelle à ce que chacun prenne « ses responsabilités dans la diffusion et la description de ces images, y compris certains médias ». « Le respect dû à la dignité de la victime et à la douleur de ses proches doit aujourd’hui primer sur le sensationnalisme ou le voyeurisme le plus abject », a-t-il ajouté.
LQ/AFP