Le président élu Emmanuel Macron bénéficie d’une conjoncture économique plutôt favorable et d’un a priori positif des milieux d’affaires, mais ses marges de manœuvres restent floues vu les incertitudes qui planent sur les prochaines élections législatives.
Même si elle souffre toujours des mêmes maux, l’économie française bénéfice depuis quelques mois d’une légère embellie: la croissance est sur une pente ascendante, l’activité du secteur privé est en expansion, le moral des ménages est plutôt positif, et même le chômage suit une tendance générale à la baisse, malgré une hausse en mars.
Avec un programme qui prévoit notamment des suppressions d’emplois publics, des allègements de charge, des baisses d’impôt pour les entreprises ou encore un détricotage des règles du dialogue social, M. Macron est une bénédiction pour les défenseurs du libéralisme économique, du libre-échangisme, de l’intégration européenne.
Les « Macronomics commencent », estiment les analystes de la banque américaine Morgan Stanley, contractant « Macron » et « économie » pour désigner l’agenda « pro-marché », « modéré et progressif » et « pro-européen » du nouveau président, soulignant que son projet de réforme du marché du travail était crucial selon eux.
Pour autant, Emmanuel Macron, élu sans faire le plein de voix face à son adversaire d’extrême droite Marine Le Pen, va diriger un pays divisé et n’est pas assuré de disposer d’une majorité parlementaire.
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« Alors que la classe politique européenne pousse un soupir de soulagement, cela ne cache pas l’insatisfaction des Français, vu que la près de la moitié des électeurs ont tout de même voté pour des partis anti-mondialisation », relève Michael Hewson, chef économiste de CMC Markets.
« C’est une chose de vouloir supprimer 120.000 emplois publics, de tailler 60 milliards d’euros de dépense publique et de ramener le chômage à 7%, ce sera une autre paire de manche de faire avaler cela au Parlement français », estime-t-il.
« Son programme peut remettre la France sur la voie d’une croissance plus forte, mais il est possible qu’il n’obtienne qu’une courte majorité en juin. Point positif: les derniers développements suggèrent que Les Républicains vont soutenir la plupart de ses initiatives », selon Marion Amiot, d’Oxford Economics.
Le test de viabilité des « Macronomics » aura donc lieu lors les 11 et 18 juin lors d’élections législatives qui se tiendront dans une configuration inédite, puisque les socialistes et la droite traditionnelle ont été balayés dès le premier tour et certains de leurs cadres ont rallié Emmanuel Macron.
Le Front national de Marine Le Pen, qui ne dispose actuellement que de deux élus ou apparentés au Parlement, va tenter de s’imposer comme parti d’opposition.
Dans ce contexte de recomposition, « ce vote est crucial, il va déterminer la capacité du nouveau président à mettre en oeuvre son programme », analyse Kit Nicholl, du cabinet IHS Markit.
« Pour gouverner efficacement, Macron a besoin d’une majorité parlementaire (289 sièges ou plus à l’Assemblée nationale), mais la probabilité que son mouvement y parvienne, en démarrant de zéro, est faible », selon elle.
Laurence Boone, responsable de la Recherche et de la Stratégie d’Investissement d’AXA Investment Managers, qui a été conseillère économique du président sortant Français Hollande, tout comme M. Macron, estime toutefois que le nouveau président a de bonnes chances d’arriver à bâtir une majorité.
« Malgré le caractère très inhabituel de cette élection présidentielle (…), les Français ont une tendance historique à favoriser le parti du président élu », rappelle-t-elle, bâtissant trois principaux scénarios: majorité absolue pour En Marche!, majorité relative pour En Marche! qui conserverait la maîtrise de son agenda, majorité pour Les Républicains, qui imposeraient alors leur agenda.
Dans tous les cas, « pour les investisseurs internationaux, les trois scénarios sont relativement positifs parce qu’ils devraient générer des réformes structurelles renforçant la croissance potentielle ».
Le Quotidien / AFP