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Valls tente de désamorcer la polémique en payant le voyage de ses enfants


Le Premier ministre Manuel Valls (d) et le président de l'UEFA Michel Platini assistent à la finale de la Ligue des champions Juventus-Barcelone, le 6 juin 2015 à Berlin. (Photo AFP)

Manuel Valls a tenté jeudi de désamorcer plusieurs jours de polémique en payant pour la présence de ses deux enfants à bord de l’avion de la République qui l’avait emmené à Berlin pour assister à la finale de la Ligue des Champions.

«Dans le cadre de ce déplacement officiel, j’ai utilisé les moyens mis normalement à la disposition du Premier ministre (…) Mais je suis sensible, bien sûr, à la réaction des Français, je me dois d’incarner un comportement parfaitement rigoureux. Si c’était à refaire, je ne le referais pas. Et pour lever tout doute, j’ai décidé d’assumer la prise en charge pour mes deux enfants, soit 2.500 euros», a déclaré le Premier ministre à la presse dès son arrivée à la Réunion, où il entame un déplacement de trois jours dans les départements de l’océan Indien.

Mais il n’a pas pour autant changé la ligne de défense de Matignon de ces derniers jours: leur présence sur le vol «n’a pas coûté un euro supplémentaire», selon lui.

L’entourage du Premier ministre a aussi souligné qu’il ne s’agissait pas d’un «remboursement»: «On ne rembourse pas, car il n’y a pas de dette».

M. Valls s’était rendu à Berlin depuis Poitiers, où il assistait au Congrès du Parti socialiste. Les 2.500 euros correspondent au tarif moyen sur un vol commercial pour deux personnes sur les trajets Paris-Poitiers, Poitiers-Berlin et Berlin-Poitiers, a précisé son entourage. Le retour final de Poitiers à Paris a lui été pris en charge par le PS.

Et le chef du gouvernement, grand supporter du FC Barcelone qui a remporté samedi la finale de la Ligue des Champions contre la Juventus, de marteler que ce déplacement était, comme l’avait déjà assuré un porte-parole de l’Uefa mardi, «à l’invitation de Michel Platini» avec lequel il a parlé de «l’Euro-2016», qui aura lieu en France, et de «l’avenir de la Fifa».

«Mettre un point final à cette polémique»

M. Valls, plutôt détendu, a fait cette déclaration non prévue au programme à la préfecture de la Réunion. Le Premier ministre a affirmé vouloir «mettre un point final à cette polémique pour (se) consacrer à l’essentiel»: éviter que son déplacement ne soit pollué par ces questions qui ont fait la Une de la plupart des médias français.

Illustrant son propos, il a enchaîné avec une visite dans une centrale photovoltaïque couplée à de l’agriculture qui propose des formations de réinsertion pour les détenus, sur le thème de la transition énergétique et du développement durable, puis avec un déplacement auprès du régiment du service militaire adapté, dans le sud de l’île à Saint-Pierre.

«Pour clore une polémique qui n’a aucune raison d’être, il faut faire un geste (…), pas obligatoire, mais qui est symboliquement fort», a salué le patron des députés PS, Bruno Le Roux. «Maintenant la polémique est close», a approuvé la coprésidente des députés EELV, Barbara Pompili, qui a prévenu: «Il faut que chaque politique sache que maintenant plus rien ne passera».

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a, lui, évoqué une décision «sage» sur BFMTV.

Mais l’opposition n’a apprécié qu’à moitié la formule choisie par le Premier ministre pour éteindre l’incendie, trouvant appui dans un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi d’après lequel plus de trois Français sur quatre (77%) ont été «choqués» «que Manuel Valls se soit rendu à Berlin à bord d’un avion gouvernemental pour assister à la finale de la Ligue des champions».

«Que Valls rembourse tout, la demi-mesure n’a pas de sens», a demandé sur Twitter l’un des vice-présidents du Front national, Florian Philippot. Il «invente un nouveau dicton : faute avouée est à moitié remboursée», a aussi raillé l’ancien ministre Xavier Bertrand (Les Républicains, ex-UMP) sur Europe 1, déplorant les «cinq jours» nécessaires «pour comprendre l’émotion des Français.»

Ce que confirme en privé un membre du gouvernement: «Ca fait des semaines que je dis qu’il est en train de péter une durite. Il n’écoute plus. Il se recroqueville sur lui-même. A la réunion du jeudi on ne parle plus. C’est le syndrome des un an à Matignon».

AFP