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Une fausse victime des attentats de Paris jugée pour escroquerie


La jeune femme âgée de 24 ans avait dit avoir été "soufflée par une explosion" au Carillon. Or le bar avait été attaqué au fusil d'assaut par les jihadistes. (photo AFP)

Elle s’était fait passer pour une victime des attentats de Paris du 13 novembre 2015 auprès de plusieurs organismes : une jeune mère de famille comparaissait en correctionnelle lundi pour « faux » et « tentative d’escroquerie ».

La jeune femme âgée de 24 ans s’était présentée le 22 décembre 2015 au commissariat des Mureaux (en banlieue parisienne) pour porter plainte, prétendant faire partie des victimes d’une des attaques qui avaient frappé la capitale. Aux enquêteurs de la police judiciaire qui l’interrogent le 31 décembre, elle indique avoir été présente au bar Le Carillon, dont la terrasse a été l’une des cibles des assaillants. Elle se dit « gravement blessée à un bras » et porte d’ailleurs un bras en écharpe, présente des certificats médicaux montrant qu’elle doit subir une greffe de peau, produit une photo de son bras prétendument blessé et ajoute qu’elle a perdu ce soir-là téléphone, carte bleue et autres effets personnels.

Mais la jeune femme prétend « avoir été soufflée par une explosion », alors que la terrasse du Carillon a été attaquée au fusil d’assaut. Les enquêteurs de la PJ versaillaise se mettent alors en relation avec la Sous-direction antiterroriste de la police judiciaire qui ne tarde pas à souligner de nombreuses « incohérences » dans son récit, ainsi que dans les pièces produites. Le médecin prétendument à l’origine de son certificat médical ne l’a en réalité jamais reçue. Le nom de la jeune femme ne figure sur aucune liste de victimes admises à l’hôpital le soir du drame. Et la photo de bras blessé est retrouvée sur internet, mais il ne s’agit pas du sien.

Habituée du genre

Avec ses fausses déclarations, elle a aussi tenté de duper le Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions, ainsi que la Maison départementale de l’autonomie qui aide les personnes handicapées.

Brièvement placée en garde à vue en février, alors qu’elle était enceinte de six mois, la jeune femme a reconnu les faits en garde à vue. Tout comme elle a « globalement reconnu les infractions qui lui sont reprochées » dans une affaire d’exercice illégal de la pharmacie, pour laquelle elle est aussi jugée lundi, a résumé la présidente du tribunal. Le parquet a requis deux ans de prison ferme dans ce volet, invoquant la récidive légale de la jeune femme, déjà condamnée pour des faits de dénonciation mensongère, conduite sans permis, vol et escroquerie. « C’est très grave ce que j’ai fait », a sangloté la prévenue en admettant faire des « bêtises » depuis ses 17 ans. « Mais c’est un problème d’argent. Je suis suivie par un psy », a-t-elle argué. Son mari, chauffeur à la RATP, est lui aussi jugé dans ce cadre pour faux, fausse déclaration et recel de bien obtenu à l’aide d’une escroquerie. Huit mois ferme ont été requis à son encontre.

Le Quotidien/AFP