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Un Jungels plein de promesses


Pour son premier Tour, Bob Jungels s'est montré à son avantage. De quoi susciter l'intérêt de bien d'autres équipes que Trek qui attend toujours sa réponse quant à une prolongation de contrat... (Photo : DR)

Bob jungels a crevé l’écran en fin de Tour de France et il représente bien plus que de simples promesses.

Encore en vue, samedi, dans l’étape de l’Alpe d’Huez, Bob Jungels a démontré ses grandes aptitudes en montagne. Il a désormais tout d’un coureur de grands Tours. Presque tout d’un coureur du Tour.

Ah si le Tour de France durait une semaine de plus… Alors sans doute qu’on y verrait Bob Jungels tous les jours sur le front de l’attaque. Maillot tricolore ouvert sur un poitrail en feu. Trêve de plaisanterie, c’est la sensation que le jeune Luxembourgeois nous aura donnée durant cette fin de Tour de France où plus ça allait, et mieux ça allait. De surcroît en haute montagne. Quand on se souvient qu’il était passé un peu à côté de la première semaine, sur un terrain qu’on pensait favorable. Après un chrono initial honorable (15e), ce fut une succession inhabituelle pour lui, de chutes, de coups de vent, de découragement.

Hier, sous une pluie fine, il a pris le temps de se laisser glisser sur les Champs-Élysées. Mais visiblement, cette succession de sensations fortes n’était pas pour lui déplaire, loin s’en faut, même si ce n’était plus la douce euphorie de la veille où, pour couronner le tout, sur le dernier sommet alpin de ce Tour envahi par une foule énorme, on l’avait vu réaliser un nouveau numéro de haut vol.

Treizième au sommet de l’Alpe, après avoir passé le plus clair de son temps à escorter son leader aux jambes retrouvées, Bauke Mollema, finalement septième de ce Tour de France, Bob Jungels a tout aimé de cette dernière escalade. «C’était vraiment super, je me suis senti bien dès la Croix-de-Fer. Ensuite, j’ai fait le boulot pour Bauke (Mollema). Sur les accélérations de Quintana, je suis resté un peu en retrait. Mais sur la fin, Bauke m’a dit d’attaquer et j’ai récupéré le groupe de Contador. Je ne sais pas quoi dire. Je suis en train de vivre des moments très spéciaux et je savoure. Cette montée de l’Alpe d’Huez, ce sont des moments très particuliers, très forts à vivre», appréciait-il sans se lasser.

S’il s’était laissé décrocher dans l’étape de la Toussuire, puisqu’il n’avait aucune place au classement général à sauver, même si on remarquera néanmoins au passage que terminer à la 27e place d’un Tour de France où on n’a pas joué le classement général n’est quand même pas trop moche à seulement 22 ans, ses sorties répétées sur le front de l’attaque avaient été remarquables et remarquées.

Impossible de ne pas rappeler son coup de force entre Gap et Saint-Jean-de-Maurienne. Si Romain Bardet l’avait emporté devant Pierre Rolland, c’est bel et bien le jeune espoir luxembourgeois qui avait fait vivre la cavalcade. «Comme tout coureur talentueux, il a un sacré caractère, mais le revers, c’est qu’il a encore trop tendance à ne pas s’économiser. Mais le plus important pour lui et pour nous, c’est de voir ses facultés de récupération. Les grands coureurs vont toujours bien en dernière semaine, où les plus faibles ont tendance à tomber malades.Bob est tout frais en fin de Tour, la preuve de son énorme potentiel», rapporte son directeur sportif, Alain Gallopin, qui l’a assisté au fil de ce Tour, lors de chaque escapade.

Au-delà des résultats bruts qui ne reflètent pas toujours l’exact potentiel d’un coureur, le plus important pour Bob Jungels aura été de finir de convaincre son auditoire qu’il pouvait, avec légitimité et ambition, se concentrer sur les grands Tours. On attendait de le voir digérer une succession de cols. C’est fait, ce jeune homme n’a pas fini de grimper…

De notre envoyé spécial à Paris, Denis Bastien