Incendier des voitures pour faire croire à une montée de l’insécurité et mieux la dénoncer: l’ancien numéro deux du Front national de Seine-et-Marne Adrien Desport et cinq autres militants seront jugés mercredi devant le tribunal correctionnel de Meaux.
La justice reproche à Adrien Desport, 25 ans, décrit par le ministère public comme « le plus impliqué », et à trois étudiants, un commercial et une dresseuse canine d’avoir incendié des voitures en Seine-et-Marne et dans le Val-d’Oise, participé à une association de malfaiteurs, dénoncé une agression imaginaire, consommé des produits stupéfiants ou encore vandalisé des véhicules.
Dans la nuit du 7 au 8 avril, le groupe d’amis, âgés de 19 à 25 ans, est notamment soupçonné d’avoir incendié volontairement 13 voitures à Mitry-Mory (Seine-et-Marne).
L’incendie avait été « largement utilisé sur les sites personnels de M. Desport pour dénoncer une montée de l’insécurité dans la commune », a expliqué le procureur adjoint de la République de Meaux, Emmanuel Dupic. Dans une « lettre ouverte aux Mytriens » publiée sur son blog le 11 avril, Adrien Desport a profité du délit créé de toutes pièces pour appuyer ses propositions politiques, comme « la mise en place de caméras au sein des zones sensibles » ou « la création d’un service de police municipale armée afin d’éliminer le sentiment d’insécurité ».
L’ex-responsable de la communication du FN 77 avait proposé que la mairie crée une « cellule afin d’apporter des aides » aux victimes et de « ne pas abandonner (ses) concitoyens à leur sort », accusant un pyromane imaginaire, qu’il déclarait avoir « vu », pour responsable de leur malheur.
Adrien Desport, aujourd’hui suspendu par le FN, avait été interpellé par la police au mois de juin avec les cinq autres militants de Seine-et-Marne et du Val-d’Oise, à la suite d’un signalement du Front national. « Il a reconnu les faits en garde à vue mais a refusé d’être jugé comme seul responsable », a expliqué son avocat Me Paul Yon. Adrien Desport avait été placé en détention provisoire avant d’être libéré en juillet.
L’affaire avait été renvoyée une première fois en juin, à la demande des prévenus, puis une seconde fois en juillet, en l’absence de l’expertise psychiatrique du principal accusé. « Je m’en veux de ce que j’ai fait, mais je n’ai jamais agressé physiquement quelqu’un, ce ne sont que des dommages matériels », avait-il déclaré devant le tribunal le 15 juillet avant d’être remis en liberté au début du mois d’août.
L’ancien numéro 2 du groupe départemental risque « jusqu’à 10 ans de prison et quelques milliers d’euros d’amende », selon son avocat.
AFP / S.A.