L’équipe de Ben Gastauer, aimerait faire aussi bien que l’an passé. Ce ne sera pourtant pas simple.
Après une édition mémorable, qui l’avait vu placer Jean-Christophe Péraud sur la deuxième marche du podium à Paris, Romain Bardet prendre la sixième place et terminer en tête du classement par équipe, la formation AG2R La Mondiale sait qu’il lui sera difficile de rééditer le même type de performance pour ce Tour 2015.
Lorsque l’année d’avant, on a terminé deuxième (Péraud) et sixième (Bardet) du Tour, qu’on a remporté une étape (Kadri), qu’on a raflé le classement par équipes (Gastauer…), comment faire rimer raison et ambition? «C’est bien simple, répond Vincent Lavenu, le manager général de l’équipe AG2R La Mondiale, on sait que ce sera compliqué de faire aussi bien, mais on va reprendre les mêmes objectifs de départ.»
Autrement dit : «Un top 5, un top 10, une étape, et le classement par équipes…»
Bref, l’équipe française, qu’on soupçonne de céder à la superstition, ne change presque rien. Il s’en est fallu de peu pour que les coureurs ne remettent les mêmes socquettes, les mêmes cuissards, les mêmes maillots. Des fois que ça les porte au même bonheur. D’ailleurs, comme l’an passé à Leeds, Jean-Christophe Péraud affichait hier dans les salons frais du parc des expositions d’Utrecht une mine de papier mâché. Il se trouvait ces derniers jours dans une forme épouvantable : «On a vu l’an passé ce qu’il est advenu», ose Lavenu pour mieux se rassurer.
À côté de Péraud, qu’on taxerait volontiers de rabat-joie, Bardet apparaît comme un petit oisillon qui aimerait définitivement sortir du nid. «J’ai fait beaucoup de stages, d’entraînements et les courses ont été bonnes, j’ai hâte d’y être, même si la première semaine s’annonce piégeuse», s’égosille-t-il avec sa voix fluette, mais terriblement assurée. Pas de doute, nous avons à faire avec lui à un drôle d’oiseau.
Bardet, «un tueur»
«Il n’a pas forcément les meilleurs moyens, mais il a une force mentale hors du commun. C’est un tueur, Romain!», s’émeut-il comme s’il en avait un peu peur. La peur, elle, est la même pour tout le monde. Foutue première semaine semée d’embûches. L’an passé, Péraud et Bardet en étaient sorties indemnes, presque miraculés. Il n’y a pas de raison de douter qu’il en soit autrement cette fois-ci.
Surtout que pour s’en prémunir, AG2R La Mondiale a pris une assurance spéciale en s’assurant les services des Belges Johan Vansummeren et Jan Bakelants. Le premier nommé est aussi grand (1,97 m) que le second est rusé. Vansummeren : «Attention, ça fera très mal ce début de Tour. Si on prend le final de la Flèche Wallonne, avec le mur de Huy (NDLR : 3e étape entre Anvers et Huy), avec 200 coureurs qui arrivent à 80 km/h sur une petite route, c’est forcé qu’il y ait des cassures et des chutes au-delà de la dixième place. Le contraire ne sera pas possible. Et ça risque d’être tous les jours pareil.»
Le rouleur belge a aussi cette idée bien à lui de ce qu’est le Tour de France, «la seule course de trois semaines où, le soir à 20 heures, tu es obligé après le massage de rester les jambes à plat, sans rien d’autre à faire…» On verra dans un peu plus de trois semaines ce qu’il sera advenu des uns et des autres.
De notre envoyé spécial à Utrecht Denis Bastien