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Un an après le Bataclan, le public est de retour dans les salles


Les grands festivals de musique en plein air (ici les Vieilles Charrues, en Bretagne) ont battu des records de fréquentation. (photo AFP)

Près d’un an après l’attentat du Bataclan, les fans de spectacle en France ont retrouvé l’ « envie de sortir » mais sont très attentifs à la sécurité, en particulier à l’extérieur des salles de concert, selon le bilan annuel de la profession.

La fréquentation des salles de spectacle (concerts, humour, festivals, comédies musicales) s’était littéralement effondrée dans les semaines suivant les attentats du 13 novembre 2015, où 90 personnes ont trouvé la mort au Bataclan.

Mais sur un an, la fréquentation a fait mieux que résister avec une baisse de seulement 2% et a été « supérieure aux résultats de 2014 », selon une enquête Harris Interactive pour le Prodiss (syndicat des producteurs, diffuseurs et patrons de salle de spectacle) publiée mercredi pour l’ouverture du festival professionnel MaMA à Paris.

Cette baisse « limitée » a surtout concerné « les artistes en développement » mais a épargné les têtes d’affiche, selon le Prodiss.

« S’ils ont marqué les Français, les attentats de Paris de novembre ne semble pas avoir modifié en profondeur le rapport au secteur du spectacle », souligne le Prodiss, qui compte parmi ses membres le Bataclan, salle qui doit rouvrir ses portes en novembre avec des concerts notamment de Pete Doherty, Marianne Faithfull et Yael Naim.

« Juste après les attentats, les gens avaient moins le coeur à la fête, et on a eu une baisse de fréquentation de l’ordre de 15 à 20% dans nos salles pendant les quinze premiers jours », confirme Jean-Marc Dumontet, patron des salles du Point-Virgule, du Grand Point-Virgule, de Bobino et du Théâtre Antoine à Paris. « Les choses se sont ensuite rétablies. Notre activité est redevenue normale », estime-t-il.

Record aux Vieilles Charrues et aux Solidays

Dans l’ensemble, le théâtre privé, qui avait baissé de 35% fin 2015, s’est ensuite repris début 2016, affichant une progression de 1% de janvier à août par rapport à la même période de l’année précédente.

« Les gens ont envie de sortir, c’est encourageant », a récemment commenté Bernard Murat, le président du syndicat du théâtre privé (SNDTP), en remarquant que les tournées de spectacles en province ont repris, avec une hausse de 8% du nombre de spectateurs.

Le public a également été au rendez-vous pour les festivals d’été: le « Off » d’Avignon, qui se revendique « le plus grand théâtre du monde », a vendu davantage de cartes d’abonnement (+1% environ) qu’en 2015.

Côté musique, les Vieilles Charrues à Carhaix ont battu leur record de fréquentation cet été avec 278.000 entrées, malgré un contexte sécuritaire alourdi par l’attentat de Nice du 14-Juillet. Solidays a également fait son meilleur score cette année avec 202.000 festivaliers en 3 jours à Paris. Les Eurockéennes de Belfort ont affiché complet pour la cinquième année consécutive (104.000 entrées).

« Lutter » contre la « crise »

Si les Français continuent de plébisciter les spectacles, un « moyen de se changer les idées » et de « lutter contre l’ambiance de crise », ils se montrent en revanche plus vigilants, la sécurité étant au centre de leurs préoccupations, selon l’enquête publiée mercredi par le Prodiss. Encore un quart des Français (26%) qui sont retournés voir un spectacle depuis le 13 novembre avouent ne pas se sentir en sécurité.

Plus de la moitié (54%) se disent plus attentifs à la sécurisation des lieux, en particulier des extérieurs, qu’ils sont 45% à trouver insuffisante pour les salles de concert, un chiffre qui monte à 48% pour les extérieurs de festivals.

Dans ce contexte, les amateurs de concerts et spectacles comiques se plient « volontiers » et en grande majorité (94%) aux mesures de sécurité, qui ont pour effet de les rassurer (à 73%), selon l’enquête Harris.

Mais « les mesures de sécurité ne seront jamais suffisantes par rapport à des fous capables de tirer dans la foule », souligne M. Dumontet qui envisage d’abandonner les fouilles à l’entrée des salles. Il juge « contre-productive » cette mesure qui se traduit par de longues files d’attente devant les salles de spectacle.

Le Quotidien / AFP