Un homme de 50 ans a été mis en examen et écroué jeudi à Strasbourg, soupçonné d’avoir tué son locataire, dissimulé son cadavre dans un fût et usurpé son identité pendant plus de trois ans.
Selon Laurent Guy, le procureur adjoint de Strasbourg, le corps de la victime, un maçon né en 1981 dont on était sans nouvelles depuis la mi-2012, a été retrouvé mardi par les gendarmes dans un fût entreposé dans une cabane de jardin au domicile du suspect, à Dettwiller (Bas-Rhin). Le suspect, Eugène Satori, a reconnu avoir « porté des coups » mortels lors d’une dispute avec son locataire, à qui il louait un appartement voisin de son domicile.
Il est soupçonné d’avoir ensuite utilisé son identité pour travailler sur des chantiers, alors que, sous son vrai nom, il percevait une pension d’invalidité, situation incompatible avec un travail salarié. Il a été mis en examen pour « meurtre », « escroquerie », ainsi que pour « séquestration avec actes de torture et de barbarie » – un chef de poursuite qui reste à confirmer durant l’instruction, et notamment en fonction des résultats de l’autopsie, selon le parquet.
Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. L’homme, décrit comme un « manipulateur », « très violent » à la personnalité « inquiétante », mais qui n’avait pas d’antécédent judiciaire, pouvait passer avec une « aisance impressionnante » d’une identité à l’autre, selon le colonel Hubert Charvet, commandant la section de recherche de la gendarmerie à Strasbourg.
En utilisant le nom de sa victime, il avait notamment « ouvert des comptes » et même « payait ses impôts », a précisé le gendarme. La victime, qui avait « coupé les ponts avec sa famille depuis plusieurs années », n’a plus été vue depuis la mi-2012, mais c’est seulement en avril 2015 qu’un habitant du village a signalé sa disparition à la gendarmerie.
L’enquête, d’abord ouverte pour « disparition inquiétante », s’est ensuite orientée vers son propriétaire, et les enquêteurs se sont rendus compte que le disparu avait des activités professionnelles et que des mouvements apparaissaient sur son compte bancaire. Ils se demandent désormais pourquoi le suspect a conservé le cadavre près de son domicile, plutôt que de s’en débarrasser « par exemple sous une dalle de béton »
Le Quotidien/AFP